Fonderie : levée du blocage des MBF dans l'Eure, recours devant le tribunal

Les salariés de la fonderie jurassienne en liquidation MBF qui bloquaient depuis lundi un site du groupe Renault dans l'Eure ont quitté les lieux jeudi, a-t-on appris auprès de la CGT et de l'entreprise. Ils ont déposé un recours devant la Cour d'appel de Dijon.

"Le blocage a été levé aux alentours de 13h00", a indiqué Yalcine Nail, délégué syndical CGT de MBF aluminium, entreprise placée en liquidation le 22 juin et dont Renault est cliente.

Interrogé par l'AFP, Renault a confirmé le déblocage de sa plate-forme logistique Sofrastock de Saint-André-de-l'Eure.

"Un accord a été trouvé avec Renault", a affirmé Thomas Ouvrard de la CGT de Sofrastock. Interrogé sur ce point, le groupe automobile n'a pas souhaité faire de commentaire.

"Renault va accompagner le projet de Scop (société coopérative de production) pour la reprise de MBF", par des salariés, a ajouté M. Ouvrard. Et le groupe a renoncé à assigner les syndicalistes en justice, selon la CGT.

"Renault s'engage à entamer des discussions une fois que" MBF sera devenu une Scop "pour les aider dans leur projet et pourquoi pas travailler avec eux ensuite", a poursuivi M. Nail.

Jeudi le syndicaliste avait expliqué que la CGT voulait "faire pression sur Renault pour qu'il continue d'assurer un volume de commandes à l'entreprise MBF".

La liquidation de la fonderie automobile MBF de Saint-Claude (Jura), qui emploie 270 salariés permanents, a été prononcée le 22 juin à Dijon. Elle appartient au britannique CMV et à un entrepreneur italien.

Deux jours plus tard, le parquet de Lons-le-Saunier avait annoncé l'ouverture d'une enquête pour abus du biens sociaux dans le cadre de cette liquidation judiciaire.

Le journal Le Progrès, qui a révélé l'affaire, évoquait la somme de 10 millions d'euros piochés dans les caisses de MBF.

Créée dans l'immédiat après-guerre, la fonderie MBF Aluminium fabriquait des carters de moteurs et des pièces de boîte de vitesse.

 

Un recours déposé devant la cour d'appel de Dijon

Après un vote des salariés de l'entreprise jurassienne réunis en assemblée générale, "nous avons déposé le recours jeudi à la cour d'appel de Dijon afin qu'elle réexamine le dossier", a déclaré samedi à l'AFP Nail Yalcin, délégué CGT et membre du CSE, confirmant une information du journal Le Progrès.

Mais ce recours ne sera pas examiné avant "plusieurs mois", a précisé l'avocat du CSE, Georges Meyer. "Or, nous avons un besoin urgent d'avoir une décision, parce que le liquidateur doit licencier les salariés dans les quinze prochains jours".

Une autre procédure a donc été enclenchée par le CSE: il a saisi le premier président de la cour d'appel afin de lui demander la suspension de la procédure de liquidation, dans l'attente de la décision d'appel.

"L'objectif est d'obtenir un sursis, nous allons donc faire valoir des moyens sérieux, ainsi que les conséquences excessives que la décision de liquidation peut avoir", a déclaré Me Meyer.

Dans ce cadre, une audience est prévue mardi à 09H00 devant le premier président de la cour d'appel de Dijon.

La mairie de Saint-Claude (Jura), commune où est implantée l'entreprise, s'est associée à la démarche du CSE, a annoncé à l'AFP le maire de la ville, Jean-Marie Millet.

"La décision de liquidation impacte 1.000 personnes, en comptant les familles", a déploré l'élu, "ça veut dire que la ville va perdre de la population qui va partir travailler ailleurs".

Le tribunal de commerce de Dijon a prononcé le 22 juin la liquidation de l'entreprise, qui fabrique carters de moteur et pièces de boîte de vitesse et emploie 270 personnes.

Il a écarté l'unique offre de reprise, qui prévoyait la reprise d'environ 200 salariés sur 270.

Les syndicats ont dénoncé la "passivité" de Renault et PSA (Stellantis), les plus gros clients de MBF, et de l'Etat, dont ils espéraient une aide de plusieurs millions d'euros.

MBF, très endettée, avait été placée en redressement judiciaire début novembre.

Le parquet de Lons-le-Saunier a par ailleurs ouvert une enquête pour "abus de biens sociaux", portant sur des "mouvements de fonds suspects de la société MBF vers d'autres entités économiques", ainsi que sur des "rémunérations non proportionnées aux résultats de l'entreprise et bénéficiant au dirigeant ou à ses proches".

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