Filière auto: "pronostic vital engagé" (CFE-CGC Métallurgie)

La fédération CFE-CGC de la métallurgie a alerté dans un communiqué sur "l'état critique" de la filière automobile française, en estimant que "chaque jour compte" pour la "sortir de cet état d'urgence".

Frappée par la crise sanitaire, la pénurie des semi-conducteurs et la hausse du coût des matières premières ou du transport maritime, confrontée à la transition vers l'automobile électrique, cette filière "fait face actuellement à une désorganisation industrielle sans précédent", a souligné le syndicat.

"C'est très inquiétant", s'est alarmé Gabriel Artero, président de la CFE-CGC Métallurgie, vendredi lors d'une conférence de presse, en notant que la filière automobile compte "un peu plus de 400.000 emplois industriels", après en avoir "déjà perdu 100.000 en dix ans".

Alors que les constructeurs automobiles français "naviguent à vue", la CFE-CGC réclame "la tenue d'un comité stratégique de la filière automobile", réunissant "tous ses acteurs, y compris les pouvoirs publics, dans les plus brefs délais", indique-t-elle dans son communiqué.

La fédération souhaite aussi que le versement des aides aux entreprises en activité partielle soit "conditionné" à la "mise en place d'un volume de formations massif" des salariés, "via un système simple et efficace", conforme aux conclusions d'études notamment "sur la fonderie automobile" et "sur l'électronique de puissance pour réussir la transition environnementale demandée par l'Europe".

En outre, afin d'"alléger les trésoreries des entreprises", le syndicat demande "l'annulation de la taxe sur les stocks" pour 2021.

Si les constructeurs automobiles sont touchés, leur "stratégie d'achat (...) crée des difficultés croissantes chez les fournisseurs", met en garde la fédération.

"La filière vit dans un stop and go permanent et souffre d'un manque d'informations anticipées", regrette le syndicat. Conséquence: les fournisseurs doivent "avancer les stocks au péril de leur trésorerie" et "faire travailler leurs salariés avec une visibilité qui n'excède parfois pas 12 heures".

Évoquant un sentiment de "ras-le-bol" parmi les salariés de cette filière, "déjà durement touchés pendant la période Covid" du printemps 2020, la CFE-CGC Métallurgie rappelle que ces salariés souffrent toujours du chômage partiel et restent donc menacés de "rémunérations amputées".

Leur santé "physique et mentale" est "mise à rude épreuve" avec "cette situation exceptionnelle qui n'en finit pas" et "beaucoup quittent purement et simplement la filière automobile", d'après le syndicat.

© 2021AFP