Fiat Chrysler accusé de tricherie aux USA !

Fiat Chrysler (FCA) a été accusé jeudi par les autorités américaines d'avoir installé sur 100.000 de ses moteurs aux Etats-Unis un logiciel provoquant une augmentation des émissions polluantes, créant un nouveau "dieselgate" après celui de Volkswagen.

Le groupe américano-italien a immédiatement rejeté ces accusations, récusé tout parallèle avec son rival allemand, et exprimé le souhait de régler "équitablement" cette affaire avec la future administration Trump.

Selon les autorités américaines, Fiat Chrysler a installé ce logiciel controversé sur des modèles Jeep Cherokee et des camionnettes à plateau (pick-ups) Dodge Ram 500, fabriqués entre 2014 et 2016, mais n'en aurait pas informé les autorités comme la loi l'y obligeait.

"Une fois encore, un grand constructeur automobile a pris la décision commerciale de contourner les règles et s'est fait attraper", a affirmé la patronne de l'agence californienne de l'environnement (Carb), Mary Nichols, qui participe à l'enquête avec son homologue fédéral de l'EPA.

Selon l'EPA, les véhicules Fiat Chrysler équipés de ces "auxiliaires d'émission" rejettent dans l'air un niveau "accru" d'oxyde d'azote, un gaz tenu pour responsable de nombreuses affections respiratoires, alors qu'ils ont pourtant été homologués par les autorités.

Ce logiciel, dont l'agence dit avoir découvert "8 pièces", peut "altérer la manière dont un véhicule émet des polluants", indique le communiqué.

"Le fait de dissimuler un logiciel qui affecte les émissions dans un moteur constitue une grave violation de la loi qui peut se traduire par une pollution néfaste de l'air que l'on respire", a commenté Cynthia Giles, une des responsables de l'EPA.

L'agence environnementale dit avoir fait cette découverte en procédant à de nouveaux tests après l'aveu, en septembre 2015, par Volkswagen qu'il avait équipé 600.000 de ses voitures aux Etats-Unis d'un logiciel truqueur destiné à fausser le résultat des contrôles anti-pollution.

Selon l'EPA, le constructeur encourt des pénalités civiles maximales de plus de 4 milliards de dollars. Mais l'agence assure toutefois qu'elle va continuer à enquêter sur "l'impact et la nature" de ce mécanisme et se garde pour le moment de parler d'un "logiciel truqueur" comparable à celui utilisé par Volkswagen.

 

"Satanée loi"

Mis sur le banc des accusés, Fiat Chrysler s'est vigoureusement défendu.

"Nous n'essayons pas de violer cette satanée loi (...) nous essayons de faire un travail honnête", a réagi le PDG de Fiat Chrysler, Sergio Marchionne, ajoutant que ce problème aurait pu être réglé de manière "plus en phase avec le monde des affaires".

Le patron a admis que son groupe aurait dû être plus transparent mais a toutefois nié qu'il s'agisse d'un logiciel truqueur "parce que nous n'essayons pas de truquer quoi que ce soit".

Le groupe, sauvé de la faillite en 2009, fait déjà face à deux plaintes collectives récentes l'accusant d'utiliser un logiciel permettant de passer sans encombres les tests anti-pollution alors que les niveaux d'émission réels sont plus élevés.

Les accusations de l'EPA ont en tout cas lourdement plombé le titre Fiat qui a perdu jusqu'à plus de 16% à Milan et chutait encore de plus de 10%, vers 20H15, à Wall Street où sa cotation a même été provisoirement suspendue.

Ce dossier sera un premier révélateur des intentions du président élu Donald Trump, qui a maintes fois fustigé le poids des régulations environnementales sur l'activité économique et qualifié le changement climatique de "canular".

L'EPA est, elle, une des bêtes noires des élus républicains au Congrès qui n'ont cessé de diminuer ses dotations budgétaires.

Fiat Chrysler s'est en tout cas déjà mis en très bons termes avec la future administration en rapatriant la semaine dernière la construction d'un modèle fabriqué au Mexique aux Etats-Unis et en créant 2.000 emplois, une décision immédiatement applaudie par M. Trump.

Cette nouvelle affaire survient par ailleurs au lendemain d'une nouvelle étape cruciale dans le scandale du dieselgate impliquant Volkswagen aux Etats-Unis.

Mercredi, le géant allemand a plaidé coupable de "conspiration" et d'"obstruction à la justice" et accepté de verser 4,3 milliards de dollars de pénalités, portant l'addition totale du scandale à près de 22 milliards de dollars sur les seuls Etats-Unis.

Les autorités américaines ont par ailleurs, au total, inculpé sept des anciens et actuels cadres ou employés de VW et ont promis de poursuivre leur enquête pour traduire en justice les responsables.

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