Faurecia veut racheter Clarion pour la conduite autonome

L'équipementier automobile français Faurecia a annoncé vendredi son intention de racheter le spécialiste des systèmes de navigation automobile japonais Clarion, une acquisition "en alignement" avec sa stratégie de développer des systèmes électroniques du cockpit et de conduite autonome.

Le groupe français a précisé dans un communiqué avoir conclu des accords avec le conglomérat industriel japonais Hitachi, actionnaire à 63,8% de Clarion, "en vue d'une offre publique d'achat visant à acquérir 100% des actions de Clarion", pour un montant total de 141 milliards de yens (environ 1,1 milliard d'euros).

Dans un contexte de ralentissement de l'activité du secteur automobile, la Bourse de Paris a mal réagi à cette annonce, l'action Faurecia perdant 10,10% à 37,76 euros à 12H50 (10H50 GMT) dans un marché en baisse de 2,4%.

Le directeur général du groupe, Patrick Koller, a toutefois tenu à rassurer les investisseurs vendredi au cours d'une conférence téléphonique avec des analystes, confirmant les objectifs du groupe pour l'exercice 2018 et précisant que ce projet d'acquisition "respecte tous les critères financiers".

"Le timing pour se positionner sur le marché est parfait", a-t-il ajouté. Clarion et Faurecia ont une "complémentarité" géographique et en matière de produits et de technologies qui va permettre de générer "une importante création de valeur pour toutes les parties prenantes", a-t-il précisé.

L'agence de notation financière Moody's a annoncé vendredi laisser inchangée la note de Faurecia à Ba1 et précisé que cela réduirait dans un premier temps sa marge opérationnelle pour "renforcer ensuite Faurecia".

Le directeur financier du groupe avait exprimé plus tôt devant les analystes sa confiance dans la confirmation par les agences de leur notation.

Faurecia est contrôlé à 46,3% par le groupe automobile PSA mais le fabricant des Peugeot, Citroën, DS et Opel détient encore une majorité des droits de vote et consolide l'équipementier dans ses comptes.

Selon les chiffres indiqués par Faurecia, Clarion ne réalise que 7% de ses ventes en Europe, où la production connaît un ralentissement depuis quelques mois, mais est en revanche bien implanté au Japon (32% des ventes), en Asie Pacifique (17%) et notamment en Chine, marchés clés pour l'équipementier français.

Le marché américain représentant 44% des ventes de Clarion, Faurecia y voit également l'occasion de trouver aux Etats-Unis "un espace de développement certain".

De son côté, le japonais Hitachi a annoncé dans un communiqué céder "l'intégralité de sa participation" à Faurecia, soit 359.630 titres de Clarion.

 

Conduite autonome

Cette annonce a fait grimper le conglomérat industriel (+2,13% à 3.256 yens) à la clôture de la Bourse de Tokyo. Le titre de Clarion s'est distingué par un gain de 3,84% à 2.350 yens et pourrait augmenter encore puisque Faurecia proposera 2.500 yens par action.

En plus de cet accord, l'équipementier français a également conclu un partenariat avec Hitachi Automotive Systems pour travailler conjointement sur des solutions de conduite autonome pour les constructeurs automobiles.

"Nous allons passer des systèmes électromécaniques aux +smart+ systèmes", a développé Patrick Koller en évoquant la nécessité pour Faurecia de se positionner dans les secteurs de l'intelligence artificielle et de la cybersécurité dans le cockpit.

Après avoir observé une baisse de son activité dans les secteurs traditionnels, le groupe Clarion a entamé "une transformation en adéquation avec la stratégie de Faurecia de devenir un leader des systèmes électroniques du cockpit", selon le directeur général du groupe.

Clarion s'est spécialisé dans la connectivité et les systèmes embarqués dans le véhicule, notamment en matière d'aide à la conduite.

L'équipementier français s'était déjà positionné sur le marché des systèmes électroniques du cockpit avec l'acquisition de l'entreprise française Parrot Automotive (dont Faurecia détient 100% des parts) et de la société chinoise Coagent Electronics (dont Faurecia détient 50,1% des titres).

Les trois acquisitions de l'équipementier seront regroupées au sein d'un nouveau siège au Japon qui comptera "1.650 ingénieurs" et "devrait réaliser plus de deux milliards de ventes d'ici 2022".

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