Faillite de British Steel: le gouvernement se veut rassurant pour Ascoval (+vidéo)

Le repreneur de l'aciérie française doit être placé sous un régime de faillite. Bercy promet un « soutien absolu de l'État » et assure avoir fait le bon choix.

Stupeur chez les salariés d'Ascoval. Le sidérurgiste British Steel a fait faillite, ont annoncé mercredi les autorités au Royaume-Uni, à peine une semaine après la reprise de l'aciériste français Ascoval, qui n'est pas concerné par la procédure de liquidation, selon le ministère français de l'Économie. « La Haute Cour a ordonné la liquidation de British Steel Limited. L'administrateur judiciaire officiel a été nommé comme liquidateur », a annoncé le gouvernement britanique. Cet « administrateur judiciaire officiel » est un agent chargé d'organiser la liquidation pure et simple de l'entreprise. Cela signifie que les actifs de British Steel au Royaume-Uni vont être vendus pour payer les salariés et indemniser les fournisseurs autant que faire se peut.

Pendant ce temps, l'entreprise devrait encore tourner, « les employés seront payés et toujours sous contrat », a précisé l'administrateur officiel. British Steel disparaîtra une fois cela bouclé et les quelque 4 500 employés du groupe au Royaume-Uni devraient perdre leur emploi, notamment sur le site géant de Scunthorpe dans le nord-est de l' Angleterre.

 

Le site racheté à Ascoval ne serait pas concerné

Le site de British Steel à Saint-Saulve, dans le nord de la France, récemment racheté à Ascoval, n'est pas concerné par la procédure de liquidation, a affirmé Bercy en début d'après-midi. « Cette procédure n'inclut pas l'aciérie de British Steel Saint-Saulve, qui est détenue par une autre société du groupe », a ainsi précisé le ministère de l'économie dans un communiqué, ajoutant que « le plan d'affaires » du site français ne dépend pas des activités britanniques, « ni industriellement ni pour son financement ».

« Nous sommes toujours confiants sur la pertinence de l'intégration de l'aciérie de Saint-Saulve avec les activités européennes de British Steel », poursuit le ministère. Bercy dit avoir foi dans la capacité d'Olympus Steel « à mener à bien la reprise d'Ascoval et à apporter les fonds nécessaires dans le calendrier prévu ». Le ministère a précisé lors d'un point de presse qu'« il y a des assurances sur les six prochains mois » et qu'« il n'y a pas de risque spécifique sur le plan de financement tel qu'il a été conçu ». Le ministère dit notamment s'être prémuni contre une utilisation des fonds mobilisés pour le site de Saint-Saulve à d'autres fins, alors que les actifs de British Steel vont être utilisés pour payer ses fournisseurs et créanciers. « On a interdit la mutualisation de la trésorerie avec d'autres sociétés », assure Bercy.

 

« Soutien absolu de l'État »

En cas de problème, « on trouvera des solutions pour que les investissements se fassent », selon le ministère, qui promet un « soutien absolu de l'État pour réaliser le plan industriel ». Bercy assure qu'il n'y a « pas d'erreur » sur le choix du repreneur, les difficultés du groupe étant liées au Brexit. British Steel avait annoncé la semaine dernière avoir besoin d'argent frais à la veille du jour du versement des fonds pour le rachat d'Ascoval, qui a eu lieu le 15 mai. L'État français a décidé le déblocage de 15 millions d'euros de prêt pour le site, et British Steel 5 millions.

Bruno Le Maire avait précisé que British Steel avait en outre signé un « prêt d'actionnaires de 40 millions d'euros ». Le conseil régional des Hauts-de-France a de son côté voté mardi pour octroyer 12 millions d'euros de prêt pour l'aciérie de Saint-Saulve, comme il s'était engagé à le faire. « Ce prêt est toujours disponible, nous devons apporter des réponses aux salariés sur la solidité économique du projet », a assuré mercredi le président de la région Xavier Bertrand dans un tweet.

À propos des fonds non encore versés, et alors que les syndicats sur place s'inquiètent, Bercy a confirmé mercredi les « prochaines tranches attendues dans les prochains mois », évoquant un montant devant atteindre à terme « 47 millions d'euros de part et d'autre ». « On est dans le flou total, et l'angoisse à nouveau », a réagi auprès de l'Agence France-Presse Bruno Kopczynski, délégué CFDT et porte-parole de l'intersyndicale, alors que le site de Saint-Saulve avait dû essuyer en février le retrait d'une offre du groupe Altifort. La faillite de British Steel « va atteindre notre crédibilité auprès des clients, des fournisseurs », a ajouté le syndicaliste.

 

« Il faut garder la tête froide »

« Le plan industriel qui a été imaginé – maintenir l'activité et replacer Ascoval dans une chaîne de valeurs – garde toute sa pertinence industrielle », selon Bercy, qui dit avoir foi dans la capacité d'Olympus Steel « à apporter les fonds nécessaires dans le calendrier prévu ». À moyen terme, British Steel Saint-Saulve aura des « besoins de financement un peu plus lourds » pour livrer Hayange Rails, qui seront « réalisés techniquement à l'été 2020 » avec une production commerciale qui devrait démarrer d'ici 12 à 18 mois.

À quatre jours des élections européennes en France, la députée LREM du Nord, Anne-Laure Cattelot, a, elle, appelé à « ne pas agiter des chiffons rouges » comme certains pourraient « être tentés de le faire à la veille des élections européennes ». « Il faut garder la tête froide et ne pas crier au loup, ça va bien se passer », selon elle.

 

Les salariés bientôt reçus à Bercy

Les salariés de British Steel Saint-Saulve, ex-Ascoval, tout juste rachetée par la maison mère du sidérurgiste britannique, ont remis en route le four à l'issue d'un CE extraordinaire, a-t-on appris mercredi de source syndicale. « On a redémarré le four, la direction a en partie répondu à nos questions », a rapporté sans plus de précisions à l'Agence France-Presse Nacim Bardi, délégué CGT à l'issue d'un CE extraordinaire qui s'est déroulé l'après-midi. Il demande que « les fonds privés, soit environ 40 millions d'euros qui devaient être échelonnés dans le temps, soient disponibles immédiatement pour mettre en route les investissements ».

« Les salariés sont sur le site, ils veulent des garanties sur la venue des représentants de British Steel, qui ne sont jamais venus. Il est plus que temps qu'ils s'expliquent », a-t-il ajouté, avant de repartir en réunion. « On est dans le flou total et l'angoisse à nouveau », avait-il dit un peu plus tôt. « Aux salariés d'Ascoval [...], je veux dire que nous sommes à leur côté, que le ministre de l'Économie et des Finances les recevra d'ici la fin de la semaine et qu'ils peuvent compter sur notre engagement total ainsi que sur celui des élus locaux », a déclaré Agnès Pannier-Runacher à l'Assemblée nationale, répondant à la députée UDI du Nord Béatrice Descamps.