Emissions CO2 : l'UE divisée (+vidéo)

Les pays européens tentaient mardi à Luxembourg de surmonter leurs divisions sur l'ampleur de la baisse des émissions de CO2 à imposer aux constructeurs automobiles, au lendemain du coup de semonce des experts de l'ONU sur le réchauffement climatique.

Les ministres de l'Environnement des 28 ont sur la table un projet de compromis avec une diminution de 35% pour les voitures neuves en 2030, par rapport à 2021. Un objectif que l'Allemagne tente de réduire, au grand dam de pays qui lui reprochent de céder à sa puissante industrie.

La baisse de 35% proposée par la présidence autrichienne du Conseil de l'UE est plus ambitieuse que celle suggérée par la Commission européenne fin 2017 (-30% d'émissions moyennes en 2030). Mais en deçà de celle de 40% votée début octobre par le Parlement européen.

Les États membres devront négocier avec les eurodéputés pour graver dans le marbre l'effort demandé aux constructeurs. Mais il leur faut d'abord réussir à se mettre d'accord entre eux mardi.

La France plaide "pour une baisse de 40% des émissions CO2 des voitures en 2030", a déclaré à son arrivée mardi à Luxembourg le ministre de la Transition écologique François de Rugy.

Des pays comme la Suède, le Danemark ou encore les Pays-Bas réclament de leur côté une baisse plus importante. Mais un autre groupe, incluant des pays de l'Est et l'Allemagne, ne veut pas dépasser l'objectif initial de la Commission.

"L'industrie automobile allemande conduit la politique environnementale allemande dans le mur, nous voulons y mettre un terme aujourd'hui", a déploré le secrétaire d'État luxembourgeois au développement durable, Claude Turmes.

"Tout ce qui reste en deçà de l'objectif du Parlement signifierait que nous ignorons ce que la science nous a dit hier", a-t-il poursuivi.

 

Coups de fil à Berlin

La ministre allemande de l'Environnement, Svenja Schulze, a admis qu'elle aurait souhaité défendre une baisse plus ambitieuse au nom de Berlin, en particulier après le rapport des experts de l'ONU qui ont appelé à des transformations "sans précédent" pour contenir l'emballement climatique.

Mais la ministre social-démocrate défendra "la position coordonnée" au sein de la coalition gouvernementale allemande, dominée par les conservateurs.

Il y aura "peut-être encore des coups de fil entre Luxembourg et Berlin" au long de la journée, a estimé une source diplomatique.

Mais faute de consensus entre ministres mardi, "il n'est pas exclu que l'on doive recourir à un vote à la majorité qualifiée" qui mettrait Berlin en minorité, a indiqué un responsable européen, estimant que les négociations pourraient se poursuivre tard dans la soirée.

Outre la baisse des émissions de CO2, les États membres devront aussi se mettre d'accord sur des objectifs sur la part des véhicules électriques dans le parc global des constructeurs automobiles, fixée à 20% d'ici 2025 et à 35% d'ici 2030 par le Parlement européen.

Si les pays de l'UE parviennent à se mettre d'accord mardi, ils pourront dès le lendemain lancer les négociations avec les eurodéputés pour aboutir à une législation contraignante.

La réunion à Luxembourg leur a déjà par ailleurs permis d'adopter une position commune pour préparer la COP24, le sommet de l'ONU sur le climat qui aura lieu en décembre à Katowice en Pologne.

Dans un texte aux mots soigneusement pesés pour convaincre certains pays, ils sont convenus que l'UE était "prête (...) à communiquer ou mettre à jour" ses contributions nationales d'ici 2020 aux objectifs fixés lors de la COP21 de Paris.

"L'essentiel était d'envoyer un signal positif, pas de s'engager sur de nouveaux objectifs chiffrés" de l'UE, a dit une source diplomatique.

L'UE s'est engagée à la COP21 à réduire d'au moins 40% les émissions des gaz à effet de serre (CO2, méthane, protoxyde d'azote, etc.) d'ici 2030, par rapport à 1990, dans l'ensemble des secteurs de son économie.

© 2018AFP