Elon Musk snobe les analystes: Tesla perd 3 milliards dans la journée !

Tesla a été sanctionné jeudi à Wall Street, payant le mépris affiché par son patron-fondateur Elon Musk envers les analystes financiers qui l'interrogeaient la veille sur la situation financière du constructeur de véhicules électriques.

Le titre a perdu 5,55% à 284,45 dollars, soit près de 3 milliards de dollars de capitalisation boursière partis en fumée en vingt-quatre heures.

"Le comportement inhabituel du PDG Elon Musk lors d'une conférence téléphonique avec les investisseurs hier soir (mercredi) a contribué à la chute observée aujourd'hui", a résumé Aaron Siegel, analyste chez CFRA.

Comme il en a pris l'habitude chaque trimestre suivant la publication des résultats de son entreprise, M. Musk prend part à une conférence téléphonique au cours de laquelle il répond aux questions des analystes financiers.

Cet exercice, habituel pour les dirigeants de sociétés américains, donne lieu à des questions sur la santé financière et la stratégie.

Dans le cas de Tesla, il s'est résumé ces trois derniers trimestres à la santé financière du groupe, qui brûle beaucoup d'argent et rencontre des problèmes de production avec son dernier-né, le Model 3, censé lui permettre d'atteindre une production de masse.

Mais mercredi, Elon Musk s'est montré réticent à aborder ces sujets et a qualifié les questions d'analystes "d'ennuyeuses et imbéciles".

 

"Impoli"

"Les questions ennuyeuses, imbéciles ne sont pas les bienvenues. La prochaine", a répondu sèchement M. Musk à l'analyste Toni Sacconaghi de Sandford Bernstein qui l'interrogeait sur l'objectif de marges bénéficiaires arrêté par Tesla pour le Model 3.

Joseph Spak de RBC capital Markets lui a alors demandé combien de personnes ayant pré-commandé le Model 3 avaient confirmé leur ordre.

La question a été suivie d'un long silence.

"Nous allons aller sur YouTube, désolé. Ces questions sont arides. Elles m'emmerdent", a répondu Elon Musk, demandant à l'opérateur de donner la parole à un jeune actionnaire, Galileo Russell, sur YouTube.

M. Russell a brossé M. Musk dans le sens du poil en vantant les percées technologiques du groupe, qui a transformé la voiture en un "gadget" électronique. Il a eu près d'une demi-heure pour poser ses questions, alors que Tesla limite les analystes à une question et éventuellement une question complémentaire.

"M. Musk a été très impoli pour ne pas dire plus dans sa façon de ne pas répondre aux questions des analystes", a écrit M. Siegel.

"Les analystes dans la conférence téléphonique représentent ceux qui fournissent des capitaux desquels dépend Tesla depuis le début de son histoire", a rétorqué Adam Jonas, chez Morgan Stanley.

Pour lui, ces questions peuvent apparaître "arides" à M. Musk, mais elles sont "extrêmement importantes pour une entreprise qui a besoin d'argent".

Les milieux financiers entretiennent un rapport singulier avec Elon Musk, qui est également le patron fondateur de l'entreprise aérospatiale SpaceX. Ils saluent son côté visionnaire et fantasque, ce qui justifie l'envolée boursière de Tesla, mais peuvent être critiques quand il feint d'ignorer leurs recommandations.

Jeudi, certains sont allés jusqu'à suggérer qu'il ne s'adonne plus à l'exercice des questions/réponses avec les analystes financiers et laisse cette responsabilité au directeur financier Deepak Ahuja.

Jugeant le comportement d'Elon Musk "bizarre", Ryan Brinkman chez JPMorgan a énuméré dans une note les multiples questions qu'il aurait voulu poser au chef d'entreprise.

"Elles ne sont peut-être pas les plus intéressantes du monde, mais elles sont importantes pour les investisseurs", a-t-il conclu.

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