Dyson renonce à fabriquer des voitures électriques

L'inventeur britannique James Dyson abandonne son ambitieux projet de fabriquer des voitures électriques face à une concurrence trop rude: un nouveau revers pour le milliardaire britannique pro-Brexit déjà critiqué pour avoir déménagé le siège de son groupe à Singapour.

Le groupe Dyson, connu pour ses aspirateurs sans fil, sèche-mains et purificateurs d'air, avait créé la surprise fin janvier en annonçant le déplacement de son siège social du Royaume-Uni vers Singapour où il prévoyait de fabriquer sa voiture électrique.

Dyson comptait consacrer une bonne part des 2,5 milliards de livres d'investissements qu'il prévoit dans les nouvelles technologies à ce projet de véhicule, qui ambitionnait de rivaliser avec les voitures Tesla.

Mais dans un email envoyé aux employés jeudi soir, et dont l'AFP a obtenu copie, M. Dyson a annoncé abruptement jeter l'éponge. "Notre équipe automobile chez Dyson a développé une voiture électrique fantastique (...) mais nous ne voyons plus comment la rendre commercialement viable", a-t-il expliqué.

"Nous avons tenté de trouver un acheteur pour le projet qui s'est révélé infructueux jusqu'à présent", et le "conseil d'administration a donc pris la décision difficile de proposer l'abandon du projet automobile", a-t-il ajouté.

James Dyson avait dévoilé en mai les contours de sa future voiture électrique qui devait être un véhicule tout terrain, pour une commercialisation prévue en 2021. Le projet avait été annoncé en grande pompe en 2017 et faisait travailler plus de 500 personnes.

"Nous travaillons pour trouver rapidement des rôles alternatifs au sein du (groupe) pour autant de membres de l'équipe que possible, sachant que nous avons assez de postes à pourvoir pour absorber la plupart d'entre eux", poursuit M. Dyson.

James Dyson veut continuer à investir dans les nouvelles technologies en Angleterre, à Singapour et ailleurs, et se concentrer désormais "sur la fabrication de batteries et d'autres technologies fondamentales" comme les capteurs, les systèmes de vision, la robotique, l'intelligence artificielle, a-t-il précisé.

M. Dyson, qui est partisan du Brexit, s'était attiré des critiques en début d'année lorsqu'il avait annoncé le déplacement à Singapour du siège social du groupe, qui emploie 14.000 personnes dans le monde et 4.500 personnes au Royaume-Uni.

 

Scepticisme sur le projet

Les dirigeants avaient précisé que le choix de Singapour s'appuyait sur "les opportunités qui s'ouvrent" pour Dyson en Asie. Le groupe y dispose déjà de toute sa présence manufacturière et d'une partie de ses centres de recherche et développement.

L'agence de développement économique de Singapour a estimé que l'abandon du projet n'aurait qu'un impact minimal sur la cité-Etat puisqu'il n'en était qu'à un stade initial.

En mai, Dyson avait dévoilé des brevets pour sa voiture électrique en soulignant qu'elle serait plus économe en énergie que ses concurrents.

Mais de nombreux analystes sont restés sceptiques à propos de ce projet et n'ont pas été trop surpris par son abandon.

"Depuis le début il était difficile de comprendre pourquoi Dyson pensait avoir un quelconque avantage compétitif en s'embarquant dans ce projet", souligne Walter Theseira, économiste des transports de l'Université des Sciences sociales de Singapour.

Et "dans un paysage mondial très concurrenciel, il s'agit d'un nouveau constructeur qui n'a aucune expérience", ajoute-t-il, interrogé par l'AFP.

Pour Nitin Pangarkar, de l'école de commerce de l'université nationale de Singapour (NUS), le secteur automobile devient d'ailleurs "moins attirant" puisque les villes développent leurs réseaux de transport en commun et que les consommateurs adoptent des nouveaux comportements comme de partager les voitures.

"Les ressources de Dyson (...) seront mieux utilisées ailleurs, dans des produits plus proches de ses activités actuelles", a-t-il noté.

Les véhicules électriques se démocratisent alors que les gouvernements cherchent à limiter l'impact environnemental des véhicules utilisant les énergies fossiles. Mais ils restent difficiles à rentabiliser pour les constructeurs.

Si Tesla rencontre un succès commercial certain, ses investisseurs critiquent un rythme de production trop bas et s'inquiètent d'objectifs financiers manqués à plusieurs reprises.

En 2018, Dyson affichait un chiffre d'affaires en hausse de 28% sur un an à 4,4 milliards de livres (4,96 mds d'euros) et un bénéfice de 1,1 milliard de livres, en progression de 33%.

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