A Detroit, les étrangers sont des patriotes zélés !

Déclarations de fidélité aux Etats-Unis, mise en avant des investissements et même des voitures aux couleurs du drapeau: au salon automobile de Detroit, les constructeurs étrangers font assaut de patriotisme américain.

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La tendance n'a rien de nouveau, et les messages publicitaires et marketing des fabricants mondialisés s'adaptent dans chaque zone géographique. Mais cette année à Detroit (Michigan, nord), l'arrivée imminente de Donald Trump au pouvoir donne à ces professions de foi une signification particulière.

Le président élu a en effet pressé des constructeurs de favoriser l'emploi sur le sol des Etats-Unis plutôt qu'au Mexique, devenu un centre de production automobile de premier plan à la faveur des accords de libre-échange nord-américains (Aléna).

Certains constructeurs ont donné des gages à M. Trump, dont Toyota qui a opportunément annoncé mardi un investissement de 10 milliards de dollars dans les cinq prochaines années dans le pays, où il a souligné employer 40.000 personnes.

Sur le stand à Detroit de la marque japonaise, qui renouvelle cette année sa Camry, il est difficile de manquer l'une de ces berlines, la carrosserie aux couleurs du drapeau étoilé et barrée des lettres "Fabriquée aux Etats-Unis".

Derrière cette voiture, deux pick-ups Toyota Tacoma et Tundra, ce dernier arborant sur ses flancs tricolores une représentation de la carte du Texas (sud) où il est assemblé.

Quant au Tacoma, également aux couleurs américaines, sa décoration rappelle que Toyota participe au programme de la fondation de la Chambre de commerce américaine "Embauchons nos héros", anciens combattants d'Irak ou d'Afghanistan.

"Toyota est le seul constructeur étranger à s'être lancé dans la Nascar", populaires courses sur circuits ovales, relève Bertrand Rakoto, analyste indépendant basé à Detroit, pour qui il y a chez Toyota "une volonté de s'inscrire vraiment dans la culture américaine".

Non loin de là, chez Hyundai, un 4x4 urbain est peint aux couleurs de la NFL, la Ligue de football américain, sport confidentiel en Corée du Sud.

 

Construction sur place

L'image d'un drapeau "stars and stripes" passe aussi de façon quasi subliminale sur les écrans surplombant le stand de Volkswagen, marque qui tente de se remettre en selle après le scandale des moteurs diesel truqués, et expose le massif 4x4 urbain Atlas.

Ce dernier est "conçu pour le style de vie américain et construit ici, aux Etats-Unis, dans notre usine dernier cri à Chattanooga" dans le Tennessee (sud), a vanté lundi le PDG de la marque aux Etats-Unis, Hinrich Woebcken, en éludant le fait que l'autre nouveauté du jour, le 4x4 Tiguan rallongé, sort d'une installation mexicaine.

Le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a quant à lui profité du salon de Detroit pour rappeler que son entreprise "investit depuis 33 ans aux Etats-Unis" et que son usine de Smyrna (Tennessee, sud) est "la plus grande usine automobile des Etats-Unis avec 642.000 voitures produites en 2016".

De fait, pour se prémunir contre les variations de change et éviter des taxes à l'importation, les constructeurs japonais, coréens et allemands ont installé de nombreuses usines ces 30 dernières années, surtout dans le sud des Etats-Unis (Carolines, Alabama, Tennessee, Missouri...) par opposition à la région de Detroit, berceau traditionnel de l'industrie automobile américaine.

C'est le cas de Mercedes, BMW et Volkswagen dont la production américaine a quadruplé entre 2009 et 2016, de 214.000 à 850.000 unités, a souligné lundi la fédération allemande de l'automobile VDA, y voyant "un engagement clair envers les Etats-Unis en tant que base industrielle", d'autant plus que 59% de ces voitures sont exportées. Le Suédois Volvo veut aussi faire de sa future usine de Charleston (Caroline du Sud) une base d'exportation.

Quelles que soient les marques, "les véhicules destinés au marché américain sont essentiellement fabriqués aux Etats-Unis", remarque Bertrand Rakoto.

Les consommateurs américains "restent fiers (de leur pays), ils veulent acheter américain. Une Honda américaine ou une Toyota américaine, ça reste un achat patriotique malgré tout, et les constructeurs jouent ouvertement là-dessus", assure-t-il.

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© 2017AFP