Daimler déçoit malgré une année 2016 record

Le groupe automobile allemand Daimler, redevenu numéro un des voitures haut-de-gamme, a signé une année 2016 record et entend se surpasser encore en 2017, une promesse insuffisante aux yeux des investisseurs, qui l'ont sanctionné en Bourse.

"En 2016, Daimler a fait mieux que jamais encore en matière de ventes, de chiffre d'affaires et de résultats", a souligné jeudi le patron Dieter Zetsche lors de la conférence de presse annuelle du constructeur à Stuttgart (sud-ouest).

Le fabricant de bus, poids lourds et voitures a enregistré un bénéfice net de 8,78 milliards d'euros, en progression de 1% par rapport à 2015, dépassant les attentes des analystes du consensus Factset.

Tirées par les voitures Mercedes-Benz et Smart et par les camionnettes, ses recettes ont, quant à elles, grimpé de 3% à 153,3 milliards d'euros, légèrement plus qu'attendu par les analystes.

Un succès dû en grande partie à la marque à l'étoile, qui a regagné en 2016 le titre de champion mondial du segment haut de gamme, détenu depuis 2005 par son compatriote BMW, grâce à un rajeunissement de sa gamme et à son essor en Chine.

Les 4x4 citadins du constructeur, du petit GLA au grand GLS, sont particulièrement appréciés des clients: Mercedes-Benz en a écoulé 30% de plus sur un an. Les SUV constituent un tiers des ventes de la marque.

La division de camions de Daimler a en revanche vu ses livraisons chuter de 12%, dans un marché difficile, en particulier en Amérique latine.

A l'échelon opérationnel, le bénéfice (Ebit) de Daimler a reculé de 2% à 12,9 milliards d'euros, affecté par des éléments exceptionnels tels que les 480 millions d'euros liés au rappel de presque 200.000 voitures équipées d'un airbag défectueux du japonais Takata, ou une amende d'un milliard d'euros infligée par la Commission européenne pour entente sur les prix de vente des poids lourds.

 

Lourds investissements

Les investissements massifs de Daimler dans les technologies du futur (moteur électrique, voiture connectée et autonome) ont également pesé sur sa rentabilité. La marge opérationnelle de sa division automobile a diminué à 9,1%. Hors éléments exceptionnels, elle est de 10%.

Daimler promet plus de 10 nouveaux modèles électriques de série d'ici 2025 et estime qu'à cette date, 15 à 25% des Mercedes-Benz vendues seront dotées d'un moteur électrique.

En 2017 et 2018, ses investissements doivent encore croître pour attendre environ 15,2 milliards d'euros par an. En raison des injections d'argent prévues, le constructeur propose un dividende inchangé par rapport à 2015, de 3,25 euros par titre.

L'autre grand nom allemand à avoir dévoilé jeudi ses performances annuelles, Daimler, a aussi été sanctionné ()

A la Bourse de Francfort le titre de Daimler a été sanctionné de -2,74% à 68,10 euros à la clôture.

La performance du groupe en 2016 est jugée satisfaisante mais "le dividende inchangé déçoit quelque peu", relève Michael Punzet, analyste de DZ Bank.

Quant à la prévision d'Ebit pour 2017, "elle semble légèrement en-dessous des attentes", estime son confrère d'Equinet, Tim Schuldt.

Pour l'exercice en cours, Daimler table sur une "légère hausse" de ses recettes et de son bénéfice d'exploitation Ebit, sur fond de croissance modérée de la demande mondiale.

"Le contexte n'est pas simple, en particulier sur le marché des camions" mais Daimler est "dans l'ensemble optimiste pour 2017", a affirmé son directeur financier Bodo Uebber en conférence de presse.

Interrogé sur l'impact possible de la présidence de Donald Trump, nouvel occupant de la Maison Blanche, sur l'activité de Daimler, le patron s'est montré très vague, se contentant de répéter l'attachement de son groupe au libre-échange.

Selon Frank Schwope, de la banque Nord/LB, "Mercedes-Benz devrait n'être touché que de manière négligeable par les menaces de protectionnisme américaines puisque plus de 90% des véhicules vendus aux Etats-Unis par la marque sont également produits dans ce pays".

La marque à l'étoile, qui a réalisé avec quatre ans d'avance son ambition de revenir au sommet de l'automobile haut de gamme, espère conserver son rang d'ici 2020, devant les bavarois BMW et Audi (groupe Volkswagen).

Elle a en tout cas bien commencé l'année: en janvier, ses livraisons ont bondi de 18,3%, sous l'effet d'un bond de 39% en Chine, son plus gros marché.

esp/ide

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