"L'année passée a été difficile", a déclaré Dieter Zetsche, patron de Daimler depuis 2006, qui quittera son poste en mai 2019 pour accéder au conseil de surveillance du groupe deux ans plus tard.
Le bénéfice net annuel du groupe a chuté de 29% sur un an à 7,58 milliards d'euros, plombé par une hausse des investissements, un ralentissement de la production due aux nouvelles normes antipollution WLTP, le conflit commercial sino-américain et des charges liées au "dieselgate".
Les analystes sondés par le fournisseur de services financiers Factset espéraient un bénéfice net de 7,9 milliards d'euros.
Le groupe, qui a dû abaisser deux fois l'année passée ses prévisions de bénéfice opérationnel (Ebit), a vu celui-ci fondre de 22% sur un an, et ce malgré une progression de 2% du chiffre d'affaires, à 167,4 milliards d'euros, soutenu par le marché chinois.
'Contre-mesures'
La branche auto Mercedes-Benz Cars et celle des fourgons, Mercedes-Benz Vans, pèsent sur le résultat, avec une baisse respective de 18% et 73% de leur Ebit, à 7,2 milliards et 312 millions d'euros.
En cause, des charges liées à des "procédures administratives et autres mesures" concernant des voitures diesel tandis qu'en fin d'année, l'entrée en vigueur des nouvelles normes antipollution WLTP a désorganisé les chaines de production du constructeur.
Pour ces deux branches, le groupe prévoit en 2019 une rentabilité entre 6% à 8% et entre 5% et 7% des ventes respectivement, contre respectivement 7,8% et 2,3% en 2018.
Mais ces niveaux de marges restent "en dessous de nos objectifs à long terme", a expliqué M. Zetsche. "Nous ne pouvons pas être satisfaits".
C'est pourquoi le patron du groupe a annoncé une série de "contre-mesures", sans pour autant donner de détails ou l'impact financier attendu.
"Une activité rentable est la condition pour pouvoir continuer à investir dans les produits et les nouvelles technologies", a expliqué M. Zetsche, dans un contexte de stagnation du marché mondial anticipé cette année.
Le marché automobile allemand a pour sa part enregistré en janvier pour le cinquième mois d'affilée un repli sur un an des immatriculations de voitures neuves.
Lourds investissements
A l'image de la branche automobile nationale, Daimler reste empêtré dans le scandale des moteurs diesel truqués, qui a éclaté chez Volkswagen en 2015, et essaye tant bien que mal de rattraper son retard sur la mobilité du futur.
Début septembre, M. Zetsche a présenté la première Mercedes électrique, le EQC, en vente dès le deuxième semestre 2019.
Pour accélérer sur la voiture électrique et autonome, le constructeur prévoit des investissements de plus de 30 milliards, dont plus de 18 milliards en recherche et développement, mais doit composer avec un environnement économique international incertain, où la croissance s'essouffle.
A eux seuls, les effets de change négatifs et la hausse des prix des matières premières vont peser à hauteur de plus d'un milliard d'euros sur le résultat, a détaillé le directeur financier Bodo Uebber.
Une nouvelle organisation du groupe, qui doit donner plus de liberté aux différentes branches, devrait elle coûter quelques centaines de millions d'euros, indique Daimler.
Prudent pour 2019, Daimler table sur un bénéfice opérationnel en "légère hausse" par rapport à l'année passée, bénéficiant également d'un effet positif "significatif" de près de 700 millions d'euros résultant de la mise en commun des offres d'autopartage et d'autres formes de mobilité urbaine entre Daimler et BMW.
La Bourse de Francfort a froidement accueilli ces annonces, le titre Daimler reculant à 11H15 GMT de 3,29% à 51,17 euros, dans un Dax en recul de 0,48%.
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