Le bénéfice net annuel a fondu de 64% à 2,71 milliards d'euros -- la pire chute en une décennie -- tandis que le chiffre d'affaires a progressé de 3% à 172,7 milliards.
En cause: une marée de problèmes internes et externes, à commencer par le scandale des moteurs truqués qui devient un gouffre financier pour le fabriquant des Mercedes-Benz.
"Nous ne pouvons pas être satisfaits", a indiqué Ola Källenius, patron du groupe de Stuttgart.
Au total, 5,5 milliards d'euros de charges liées à la fois au scandale des moteurs truqués et à des rappels massifs de voitures dotées d'airbags du fournisseur Takata ont pesé sur le résultat, dont 4 milliards relevant du "dieselgate".
Ola Källenius, qui a repris Daimler en mai dernier et signe une année émaillée de mauvaises nouvelles, assure qu'un vaste programme d'économies permettra désormais de redresser le constructeur et financer la transition électrique.
Après ces chiffres "catastrophiques", "Daimler est plus que jamais sous pression", juge Frank Schwope, analyste chez NordLB.
Rappels et amende
En juillet déjà, Daimler avait affiché sa première perte nette trimestrielle en 10 ans. Le dernier avertissement sur résultats remonte à fin janvier.
Fin septembre, l'entreprise a accepté de payer une amende de 870 millions d'euros pour avoir vendu des véhicules non conformes.
L'agence allemande de l'automobile (KBA) a ordonné le rappel de près d'un million de voitures, mais le constructeur conteste toujours l'illégalité des "fonctions de gestion du moteur" épinglées.
Sous le poids ce ces charges, la branche Vans affiche une perte opérationnelle de 3,1 milliards d'euros, tandis que l'EBIT de Mercedes-Benz Cars a été divisé par deux, à 3,4 milliards.
Conséquence directe: le directoire proposera à l'assemblée générale un dividende de seulement 90 centimes, soit 72% de moins qu'en 2018. Et les bonus payés aux employés allemands seront aussi nettement réduits.
A la Bourse de Francfort, le titre reculait légèrement de 0,10% à 43,0 euros vers 13H40 GMT, après avoir gagné près de 4% en matinée, dans un Dax en hausse de 0,93%.
Défi du CO2
Comme l'ensemble du secteur, Daimler est engagé dans une course pour réduire le niveau d'émissions de CO2 des voitures vendues et respecter de strictes normes en vigueur dès cette année dans l'UE, sous peine de lourdes sanctions.
M. Källenius affirme avoir bon espoir de respecter les normes "dans les prochaines années". Mais avoue que ce n'est "pas garanti" pour 2020 et 2021.
Il reconnaît que Daimler aurait dû démarrer l'électrification plus tôt. Désormais, assure-t-il, "nous visons une croissance très rapide".
L'objectif affiché: porter la part des voitures électrifiées dans les ventes de 2% à 9% dès cette année -- même si "on ne peut pas contrôler à 100% l'évolution du marché", selon le patron suédois.
"Nous serions mal avisés de pousser des véhicules électrifiés dans le marché" avec des rabais et risquer de "détruire les niveaux de prix", a-t-il expliqué.
Economies
Ces véhicules plus chers à produire pèsent déjà sur les marges: avec 3,6% et -20,8% pour Cars et Vans respectivement, elles restent loin des objectifs à long terme du groupe, qui vise cette année entre 4% et 5% pour Cars et Vans réunis.
"Décidé à améliorer nettement" la profitabilité, M. Källenius, qui a pris la tête du groupe après 13 ans de règne de Dieter Zetsche, vise toujours "plus de 1,4 milliard d'euros" de réduction de coûts d'ici 2022.
Un des leviers déjà annoncés: plus de 10.000 suppressions d'emplois -- sur les 300.000 du groupe -- via des départs volontaires, non-remplacements et retraites anticipées.
Ces mesures coûteront en tout quelque 2 milliards d'euros, dont près de 1,2 milliard en 2020, a détaillé le directeur financier, Harald Wilhelm.
Daimler compte aussi "simplifier" son offre en supprimant de sa gamme les modèles peu vendus ou peu rentables, limiter les investissements cette année au niveau de 2019 et réduire les coûts du matériel pour augmenter la marge de "Cars" de trois points d'ici 2022.
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