Crise des fonderies: vers 3 dépôts de bilan

Trois équipementiers automobiles de la Vienne et de l'Indre appartenant au groupe Alvance du magnat de l'acier indo-britannique Sanjeev Gupta, en difficulté financière, doivent tenir jeudi des CSE extraordinaires, préludes à de probables déclarations de cessation de paiements, a-t-on appris mardi de source syndicale.

Un Comité social et économique se tiendra jeudi matin dans les deux unités des Fonderies du Poitou à Ingrandes, près de Chatellerault, une usine aluminium et une usine fonte, chacune de près de 300 salariés. Un autre CSE aura lieu dans l'après-midi à Diors, près de Chateauroux, au sein d'Alvance Aluminium Wheels (280 salariés), fabricant de jantes en aluminium.

Le CSE vise à "ouvrir la procédure collective pour traiter judiciairement les difficultés économiques" de l'entreprise, expliquent dans un communiqué les syndicats de Liberty Alu.

Selon plusieurs délégués syndicaux, le tribunal de commerce de Paris, où se trouve le siège d'Alvance, vient de nommer un conciliateur pour ces trois entreprises. Ce dernier leur a fait savoir qu'il envisageait des mises en redressement judiciaire vers la fin du mois, étape qui suit la déclaration de cessation de paiement auprès du tribunal.

Liberty Fonderie Poitou et Liberty Alu Poitou sont passées au printemps 2019 sous contrôle de leur nouvel actionnaire britannique, Liberty House, une société du Gupta Family Group Alliance (GFG Alliance), de Sanjeev Gupta.

Jusqu'à présent, l'unité fonte était seule en grande difficulté, sa production de carter pour diesel n'étant plus porteuse. Un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), actant la fermeture du site, avait été lancé en décembre 2020. La direction d'Alvance Aluminium Group avait alors invoqué la décision de l'unique client Renault de ne pas y commander son dernier carter.

Selon un délégué syndical, ce PSE est pour l'instant "suspendu". "Il faudra évidemment accompagner socialement le mieux possible", a indiqué une source gouvernementale, à l'issue d'une réunion mardi après-midi à Bercy avec des élus de la Vienne, ajoutant que le "projet de diversification" du site fonte devrait être "réévalué pour voir s'il pouvait (....) assurer une pérennité pour au moins une partie des salariés".

Ayant aussi comme unique client Renault, Liberty Alu fabrique notamment des culasses, un marché plus porteur.

"Il n'y a aucune raison que les Fonderies du Poitou, dans le volet aluminium, puissent être pénalisées par la situation financière du groupe Liberty auquel elles appartiennent", avait assuré la semaine dernière le ministre de l'Économie Bruno Le Maire.

L'État sera "au côté des Fonderies du Poitou, probablement en financant les périodes de recherches de repreneurs et pour accompagner d'éventuels projets de reprise (...) avec on l'espère le soutien de Renault, client principal des Fonderies Alu", a ajouté la source gouvernementale. Lors de cette phase de redressement judiciaire, qui peut prendre trois mois, l'Etat pourrait s'engager à hauteur de "plusieurs millions d'euros".

De son côté, Alvance Aluminium Wheels produit à 60% pour Renault, et 30 % pour PSA, selon un représentant syndical. "L'entreprise est la dernière en France à fabriquer des jantes alu, mais les constructeurs préfèrent aller à l'étranger", a déploré Claude Biaunier, représentant CGT.

Interrogé par l'AFP, un porte-parole d'Alvance Aluminium Group a confirmé la tenue de ces CSE, mais a ajouté ne pas être "en mesure de commenter les sujets qui seraient abordés lors de ces réunions avant qu'elles n'aient lieu".

Le groupe de M. Gupta doit plusieurs milliards d'euros à la société financière Greensill qui a été emporté par son modèle controversé de prêts de court terme et dont GFG était un des plus gros clients.

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