Coronavirus : la Formule 1 révise à la baisse la saison 2020

Après l'annulation ou le report des sept premiers Grands Prix, la F1 s'adapte pour une saison plus courte, plus dense et économiquement rude.

Grand Prix d'Australie annulé in extremis, renoncement du GP de Monaco, GP de Bahreïn, du Vietnam, de Chine, des Pays-Bas, d'Espagne reportés à des dates encore à déterminer… Après l'annonce jeudi du report des trois courses du mois de mai, la saison – qui devait compter le nombre record de 22 GP – débutera en Azerbaïdjan, à Bakou, le 7 juin. Dans le meilleur des cas…

« C'est hyper compliqué de refaire un calendrier parce que tu ne sais pas quand tout sera opérationnel, résume Frédéric Vasseur, le team principal de l'écurie Alfa Romeo, interrogé par l'AFP. Tu as besoin d'avoir une vision mondiale. L'Angleterre n'est pas trop touchée pour l'instant, mais elle peut l'être quand l'Italie le sera moins [la plupart des équipes sont basées dans ces deux pays, NDLR]. Et il y a aussi l'endroit où on va faire les courses… »

Alors que le règlement prévoit un minimum de huit GP par saison, quinze manches sont pour l'heure maintenues à leur date d'origine, jusqu'à la finale à Abou Dhabi le 29 novembre. Le directeur sportif de la F1, Ross Brawn, se disait « plutôt optimiste quant à la possibilité d'un championnat de 17-18 courses ou plus en 2020 », lors d'une interview à la chaîne britannique Sky Sports le 14 mars, alors que les quatre premières avaient déjà été annulées ou reportées et que les trois suivantes étaient plus qu'incertaines.

Parmi les options envisagées pour ce faire, il s'agirait de tirer un trait sur la trêve estivale du mois d'août, pendant laquelle les écuries n'ont normalement pas le droit de travailler. Exceptionnellement, certaines courses seraient reportées entre les GP de Hongrie (2 août) et de Belgique (30 août), effaçant une partie du retard enregistré actuellement.

Depuis mercredi, c'est la solution retenue, l'actuelle inaction forcée permettant aux écuries de faire des économies et de mettre sur un pied d'égalité celles qui ont ou devront fermer leurs portes à cause du Covid-19 et celles qui seraient épargnées.

 

Révolution technique reportée

Avec une saison de six mois au lieu de neuf, les GP vont s'enchaîner à un rythme effréné. À la question de savoir si deux courses pourraient être organisées le même week-end sur le même circuit, Brawn répond que c'est « possible ». Surtout, il avance l'option d'organiser trois courses en trois semaines, ce que la F1 a expérimenté à l'été 2018, sans toutefois remporter l'adhésion des écuries, qui n'ont pu que constater l'extrême fatigue de leur personnel.

« Organiser trois courses d'affilée avec des week-ends de deux jours [en piste, contre trois actuellement, NDLR] serait une option », propose Brawn, qui exhorte les équipes à la « flexibilité ». « Nous devons nous assurer d'avoir une saison qui offre de bonnes opportunités économiques aux écuries, ne pas les mettre en difficulté, car nous ne pouvons pas avoir de courses parce que quelqu'un ne veut pas enchaîner trois week-ends », plaide-t-il. L'argent, plus que jamais, sera le nerf de la guerre en 2020. Mais aussi l'année suivante.

« Les coûts ne sont pas forcément beaucoup moindres si tu fais 18 courses plutôt que 22 parce que, si tu en fais beaucoup d'affilée, tu as besoin de doubler les postes, d'avoir un stock de pièces », explique Vasseur. « Par contre, nos revenus seront forcément moindres : on fait moins de courses, on aura moins de droits commerciaux », poursuit le Français.

Par mesure d'économie, il a donc également été décidé jeudi, d'un commun accord entre la Fédération internationale de l'automobile, la F1 et les équipes, de reporter d'un an le changement de règlement prévu en 2021, qui devait accoucher de monoplaces à l'aérodynamique totalement différente de ce qui se fait aujourd'hui. En 2021, les écuries garderont donc le même châssis qu'en 2020. Crise du coronavirus oblige, la « révolution » annoncée devra attendre.

En revanche, la Formule 1 va organiser des Grands Prix virtuels pour remplacer ceux annulés ou reportés en raison de la pandémie de coronavirus à compter de dimanche, jour où devait se tenir le GP de Bahreïn, annonce-t-elle vendredi.

« Ensuite, chaque week-end de course verra le GP de F1 du monde réel reporté remplacé par un Grand Prix virtuel, l'initiative étant actuellement prévue jusqu'en mai », est-il précisé dans un communiqué.

Ces courses, qui ne compteront pas pour le classement du Championnat du monde réel, verront des pilotes actuels opposés « à distance » à « une foule de stars annoncées en temps voulu » sur le jeu vidéo officiel de la F1.

© 2020AFP