Cenntro Motors vers la liquidation

Le repreneur de Cenntro Motors France, l'homme d'affaire sino-américain Peter Wang, s'est "retiré du projet industriel", a annoncé mardi à Lyon l'administrateur judiciaire qui va demander la liquidation judiciaire de l'entreprise, sauf arrivée d'un repreneur de dernière minute.

"M. Peter Wang a indiqué qu'il se retirait du projet dans lequel il s'était engagé le 18 juin 2014", a déclaré Me Robert Meynet lors d'une réunion extraordinaire du Comité d'entreprise au siège de l'entreprise, à Lyon.

En l'absence de repreneurs potentiels, qui ont jusqu'au 28 octobre à midi pour se manifester, "Cenntro Motors France est donc susceptible d'être déclaré en situation de liquidation judiciaire".

Le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) homologué par la Direction régionale du Travail (Dirrecte) se retrouverait de la sorte "de facto caduc", a ajouté M. Meynet.

En juin 2014, le mystérieux Cenntro Motors Group Limited avait repris - avec l'aide de l'Etat - cette ancienne usine de lave-linge FagorBrandt, reconvertie dans les véhicules électriques. Mais la production n'a jamais réellement commencé.

Selon l'administrateur judiciaire, M. Wang explique sa décision par le fait qu'il a investi en vain "plus de 10 millions d'euros" depuis la reprise de l'entreprise, essentiellement pour payer les salaires des 383 salariés du site.

La menace planait depuis plusieurs jours, M. Wang n'ayant pas versé le million d'euros nécessaire au financement du PSE, afin de permettre la poursuite de l'activité et le lancement de la production, selon les syndicats.

L'annonce a été accueillie avec colère par les salariés, dont certains ont brûlé des palettes devant l'entrée du site, dans le 7e arrondissement de Lyon.

"On a un sentiment d'un énorme gâchis! Les salariés sont écoeurés! Cenntro Motors a fait miroiter des choses qu'ils n'ont jamais tenues", a déploré Philippe Goguillot, du syndicat SUD.

"Depuis novembre 2014, on alerte les pouvoirs publics sur la crainte que Cenntro Motors ne soit pas fiable et viable. Ce sont deux ans de perdus", a renchéri Joseph Triggiano, pour la CGT.

S'il devait disposer d'une offre de reprise sérieuse, l'administeur judiciaire "sollicitera du Tribunal, une décision de liquidation judiciaire avec poursuite d'activité d'un mois aux fins de parvenir à un plan de cession", explique M. Meynet.

"A défaut, la liquidation judiciaire pourrait être prononcée immédiatement dès fin octobre", dit-il, précisant que dans tous les cas, les "paies d'octobre seront versées dans leur intégralité".

© 2015AFP