Cenntro Motors: suppression de 263 emplois confirmée

La Direction régionale du travail (Dirrecte) de Rhône-Alpes a donné son feu vert à la suppression de 263 emplois chez Cenntro Motors France, une ancienne usine de lave-linge FagorBrandt reconvertie dans les véhicules électriques à Lyon, ont annoncé jeudi syndicats et direction.

L'annonce a été faite à l'occasion d'une audience au tribunal de commerce, qui a prolongé jusqu'au 29 octobre la période d'observation de cette entreprise d'environ 380 salariés, placée en redressement judiciaire en avril moins d'un an après sa reprise par un homme d'affaires sino-américain.

"On a appris à la barre ce matin que la Dirrecte avait validé le PSE hier soir, sans qu'on le sache et sans (indemnités) supra-légal(es), c'est scandaleux !", a dénoncé Eric Butty, délégué syndical Sud et représentant des salariés.

"Maintenant, on n'a plus rien à perdre. Il a falloir s'organiser et passer à l'action", a-t-il lancé à une centaine de collègues rassemblés devant le tribunal.

Ce plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) avait été annoncé en juin. Il prévoit de licencier 263 personnes pour ramener l'effectif à environ 120, avec des indemnisations au minimum légal.

Didier Verrieste, directeur de Cenntro Motors France, a confirmé que la Dirrecte l'avait homologué en ces termes. Ce plan doit encore être autorisé par le juge-commissaire du tribunal mais les premières lettres de licenciement pourraient tomber fin septembre, selon l'administrateur judiciaire.

"La moyenne d'âge des salariés, c'est 53 ans. Certains ont toujours travaillé dans l'usine, sur des chaînes de montage, sans diplôme. Licenciés, ils feront quoi ? On nous parle de reclassement comme si c'était le plein emploi ! La vérité, c'est qu'ils ne retravailleront jamais", a lâché Eric Butty.

En juin 2014, le tribunal de commerce avait validé le projet de reprise de la société SITL, soutenu par Bercy, par le groupe Cenntro Motors, en dépit du "profil peu commun" de son patron, Peter Wang, un homme d'affaires actif entre les Etats-Unis, la Chine et les Iles Vierges britanniques.

Interrogé jeudi sur les contours du groupe, toujours flous, Didier Verrieste a répondu qu'il employait 1.200 personnes en Chine à la fabrication de tracteurs et de moteurs diesel, et 120 aux Etats-Unis dans deux sociétés de véhicules électriques. Mais il n'a pas pu préciser son chiffre d'affaires.

Il a assuré en revanche que l'usine de Gerland serait bientôt prête à fabriquer des filtres à eau et des véhicules électriques, en évoquant des "commandes fermes" et un premier client à hauteur de trois millions d'euros mais dont le nom relève encore du "secret". Qu'il faudra lever d'ici le 29 octobre pour donner du crédit au plan de continuation de l'activité, sous peine de liquidation.

En attendant, les salariés, dont la plupart sont au chômage partiel depuis bientôt deux ans, exigent de recevoir au plus vite leurs dernières paies, toujours pas versées. Peter Wang a sorti de sa poche 1,2 million d'euros cette semaine à cette fin, selon l'administrateur, après avoir déjà apporté 7 millions au départ puis 1,4 million depuis avril en fonds de roulement.

Sans que le personnel ne comprenne vraiment pourquoi, sauf à imaginer des transferts de technologie que la direction dément.

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