Cenntro Motors: les salariés en appellent à l'Etat

Soixante-quinze salariés de Cenntro Motors (ex-SITL) ont manifesté mardi à Lyon contre un plan de 263 licenciements et pour demander à l'Etat un nouveau repreneur, à 10 jours d'une décision du tribunal de commerce sur l'avenir de l'entreprise.

Une délégation rassemblant huit représentants inter-syndicaux (CGT, CGC, FO et SUD) et deux salariés a été reçue en milieu de journée par le commissaire régional au redressement productif Simon-Pierre Eury.

"Nous souhaitons que le commissaire Eury enclenche une ouverture à des repreneurs extérieurs. Le tribunal de commerce préfère laisser l'exclusivité à Cenntro en licenciant les deux-tiers de l'entreprise", a déclaré Eric Butty, délégué syndical SUD.

Actuellement environ 70 personnes travaillent sur le site de Gerland (VIIe arrondissement) à la production de véhicules électriques, parmi les 382 salariés que compte l'entreprise, alors que 316 employés sont au chômage partiel depuis 2013.

Interrogés à l'issue de la réunion, les représentants du personnel en sont ressortis amers: "Le commissaire nous a dit qu'il ne trouvait pas raisonnable de trouver un repreneur", faute de production suffisante de véhicules électriques, a déploré Eric Butty.

"Nous trouvons cela scandaleux et ubuesque" a ajouté le délégué, au nom de l'intersyndicale, rappelant que l'actuel actionnaire sino-américain "n'a pas tenu ses engagements et ne paye pas ses salariés, comme en juillet".

Cenntro Motors avait repris avec l'aide de l'Etat en juin 2014 cette ancienne usine de lave-linge FagorBrandt, reconvertie dans les véhicules électriques, minée par les difficultés depuis octobre 2013.

Le repreneur avait annoncé le 15 juin un plan prévoyant 263 licenciements, soit les deux tiers de l'effectif, provoquant la colère des représentants des salariés.

Salarié de l'entreprise depuis 45 ans, Serge Mendez, 63 ans, a estimé que "Cenntro n'a respecté aucun de ses engagements. Aucune des formations prévues pour 145 des salariés n'a été menée, 15 millions d'euros devaient être investis. Finalement seulement 7,5 millions ont été injectés et ils nous annoncent un plan de licenciement de 263 personnes".

"Ce que nous voulons aujourd'hui ce sont d'autres repreneurs dignes de cette entreprise", a-t-il insisté.

Le tribunal de commerce de Lyon doit trancher le 10 septembre prochain, après avoir déjà poursuivi le plan de redressement judiciaire dont fait l'objet l'entreprise depuis le 30 avril.

© 2015AFP