Carrosserie : la FFC dénonce les appros subis

Depuis une dizaine d'années, les fournisseurs référencés "fortement conseillés" fleurissent au sein des plateformes de gestion de sinistres. Avec en conséquence de graves effets pervers pour les carrossiers-réparateurs.

C’est en 2008 que la plateforme de gestion de sinistres de Covea AIS (GMF, MAAF, MMA) s’est entendue avec certains fournisseurs de peinture et de pièces détachées dans un partenariat dont l'objectif consistait à privilégier les achats auprès de ces derniers, par son réseau de réparateurs agréés. Ainsi, on se souvient de l’accord passé avec la société Cora (filiale Autodistribution) pour les pièces de qualité équivalente, ou encore la société AkzoNobel pour les peinture Sikkens.

Présentés au départ comme une simple préconisation destinée à permettre aux réparateurs d’optimiser leurs achats, chacun restant libre de ses choix en fonction de ses propres spécificités, les accords de référencement sont ensuite devenus (verbalement) "fortement conseillés",  les réparateurs agréés "niveau 1" étant priés de s’approvisionner majoritairement chez les fournisseurs référencés, sous peine d’être déclassés en "niveau 2",  avec pour conséquence de subir une forte baisse du volume de véhicules accidentés, orientés dans leurs ateliers.

De son côté, la plateforme Nobilas, agissant pour le compte du groupe Axa, a aussi porté au contrat de partenariat, la même "obligation d'approvisionnement". Même si ledit contrat comporte un engagement sur un volume d’affaires garanti, il inclut bien l’obligation de réaliser des quotas d’achats à respecter, sous peine de fortes pénalités pour le réparateur.

Ces obligations ont rompu la relation de proximité qui existait avec les distributeurs de peinture et de pièces détachées. D’autre part, en guise de meilleur prix, on a pu constater que les nouveaux distributeurs référencés en ont plutôt profité pour augmenter les prix de vente aux réparateurs agréés, de manière à pouvoir reverser les confortables royalties promises à l’assureur (jusqu’à 25%) en contrepartie du référencement par ces derniers.

De cela, résulte la situation ubuesque selon laquelle le carrossier non agréé, libre de toute contrainte venant de l’extérieur, est désormais en capacité d’acheter à meilleur prix que le réparateur agréé !

Un nouveau pas vient même d’être franchi récemment par Covea AIS, qui a annoncé le changement du fournisseur de peinture initialement référencé et par conséquent, demande ainsi la bascule vers la nouvelle marque de peinture, dans tous les ateliers de réparation agréés niveau 1 !

Cette attitude est irresponsable car elle met de nombreux carrossiers dans une situation délicate. En effet d’une part, certains réparateurs se trouvant encore à devoir honorer les engagements commerciaux passés avec leur fournisseur initial. Et d’autre part, il va de soi que le changement de marque de peinture dans un atelier de réparation nécessite de surcroît, une mise à niveau technique et la formation du personnel ainsi qu’une période d’adaptation de 6 mois en moyenne, perturbant la productivité et la rentabilité des ateliers.

La FFC Réparateurs entend rappeler que les procédures de ce type mises en place par certains assureurs et/ou leurs plateformes de gestions des sinistres sont critiquables à plus d’un titre. En effet, "les volumes doivent être la contrepartie des remises tarifaires accordées par le réparateur à l’assureur". En fonction de quoi, en aucun cas, les assureurs et leurs plateformes de gestion des sinistres, ne peuvent conditionner l’apport d’un volume d’affaires en imposant aux réparateurs agréés, d’accepter de recourir majoritairement aux seuls fournisseurs qu’ils désignent pour les achats des fournitures.

Faites donc entendre votre voix, la FFC Réparateurs vous soutiendra dans vos démarches, et se tient à votre disposition, notamment avec son service FFC Experts, plateforme d'assistance Juridique, fiscale, notariale et sociale, comprise dans votre cotisation.