Carlos Tavarès souligne qu'il ne fixe pas son salaire

En pleine polémique sur son salaire, qui a quasiment doublé en 2015, le président du directoire de PSA Peugeot Citroën, Carlos Tavares, a tenté de se défendre mercredi en affirmant que ce n'était pas lui qui fixait son salaire à la tête du premier groupe automobile français.

Comme vous pouvez l'imaginer, ce n'est pas Carlos Tavares qui fixe le salaire de Carlos Tavares. C'est le conseil de surveillance de PSA", a-t-il déclaré à des journalistes en marge d'une présentation de nouveaux véhicules utilitaires à l'usine Sevelnord de Hordain (Nord).

Le conseil, présidé par Louis Gallois, "respecte des règles de gouvernance très précises, qui fixent à la fois les objectifs à atteindre, et qui évidemment décident de la rémunération de Carlos Tavares en fonction des résultats qui ont été obtenus", a-t-il encore rappelé.

"Je m'en remets totalement au conseil de surveillance à la fois sur la fixation des objectifs et sur l'évaluation des résultats. D'ailleurs, je ne participe pas aux discussions qui conduisent à la fixation de ces objectifs", a insisté M. Tavares.

Le patron de PSA a reçu un salaire de 5,24 millions d'euros en 2015, selon le document de référence de l'entreprise publié vendredi. En 2014, sa rémunération s'était établie à 2,75 millions d'euros.

Cette forte progression est principalement due à l'accroissement de la "part variable" du salaire basée sur l'évolution des résultats. Or, PSA a connu une excellente année 2015, dégageant un bénéfice (1,2 milliard d'euros) pour la première fois en cinq ans et bouclant même en avance son plan de reconstruction.

"J'avais une mission très claire, qui était d'abord de redresser PSA, ce qui est évidemment fait, et maintenant nous avons une nouvelle mission à laquelle je me consacre totalement avec passion et énergie, qui est de construire un avenir pour l'entreprise qui soit un avenir plus rentable et un avenir plus prospère", a encore lancé M. Tavares.

Il faisait ainsi allusion au nouveau plan stratégique du groupe, baptisé "Push to pass" qui doit être présenté mardi prochain.

 

Critique de Macron

M. Tavares, transfuge de Renault, était arrivé à la tête de PSA début 2014, au moment où l'entreprise frôlait la faillite. Elle n'avait dû son salut qu'à l'intervention de l'Etat français et du Chinois Dongfeng, tous deux entrés au capital à hauteur de 14%.

Le quasi doublement des émoluments de M. Tavares en un an a provoqué des remous, avec des interventions critiques de ministres, de syndicats et de partis politiques.

Le cofondateur du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon, candidat à l'élection présidentielle de 2017, a ainsi jugé le cas du patron de PSA "totalement immoral", et proposé sur iTELE de limiter de 1 à 20 la fourchette des salaires dans chaque entreprise.

Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a lui affirmé dans le Parisien/Aujourd'hui en France que M. Tavares "a(vait) tort de faire abstraction de la sensibilité des Français".

Avant lui mardi, son collègue des Finances Michel Sapin avait qualifié cette hausse de "dommageable" et souligné que les représentants de l'Etat au conseil de surveillance avait voté contre.

Les organisations syndicales ont elles aussi donné de la voix, réclamant que les salariés soient davantage associés aux résultats. Lors de l'annonce de ces derniers le 24 février, M. Tavares avait annoncé l'attribution d'une prime exceptionnelle d'un montant moyen de 2.000 euros.

Le patronat est venu à la rescousse de M. Tavares. "Il faut féliciter Carlos Tavares du redressement exceptionnel qu'il a fait de PSA", a déclaré mardi Pierre Gattaz, patron du Medef, ajoutant : "quand il y a de la réussite, ça ne me choque pas qu'on récompense la réussite".

M. Gallois a jugé que la rémunération de M. Tavares n'était "pas disproportionnée du tout" par rapport à celles d'autres dirigeants de grandes entreprises.

La rémunération des patrons français constitue un sujet de polémique récurrent. Le gouvernement, après avoir plafonné en 2012 la compensation des dirigeants d'entreprises publiques à 450.000 euros par an, s'est déjà prononcé ces dernières années contre les rémunérations jugées excessives des patrons de plusieurs grands groupes dont il est actionnaire, dont Renault, Safran et Thales.

© 2016AFP