Carlos Ghosn "libre" après 107 jours de prison (+vidéo)

Carlos Ghosn, ex-grand patron de l'automobile aujourd'hui déchu, a été libéré sous caution mercredi de la prison de Kosuge à Tokyo, après 107 jours passés en détention sur des accusations de malversations financières, a constaté l'AFP.

Vêtu d'un blouson barré de bandes réfléchissantes oranges, portant un masque sanitaire blanc, une casquette bleue et des lunettes, l'ex-patron de Renault et Nissan est sorti du centre de détention encadré de gardiens avant de s'engouffrer dans une voiture gris clair banalisée, avec un de ses avocats japonais, devant les objectifs de dizaines de caméras et appareils photo.

Sa femme Carole, une de ses filles, l'ambassadeur de France et d'autres personnes étaient arrivées à la prison plusieurs heures auparavant, mais ne sont pas ressorties en même temps.

Via son avocat, Carlos Ghosn a payé une caution d'environ 8 millions d'euros.

Moyennant le versement de cette somme, le tribunal de Tokyo avait accepté mardi la remise en liberté de l'ex-PDG et un deuxième juge avait rejeté dans la nuit de mardi à mercredi un appel lancé par le procureur.

"Je suis innocent et résolument déterminé à me défendre vigoureusement dans un procès équitable contre ces accusations sans fondement", avait déclaré Carlos Ghosn dans un communiqué en apprenant la décision mardi.

Des dizaines de journalistes s'étaient rassemblés dès l'aube mercredi devant la prison.

Il est très rare au Japon qu'une personne inculpée pour abus de confiance soit libérée avant que ne soit connue la date de son procès ou même avant qu'il n'ait débuté. Les experts expliquent que le nouvel avocat de M. Ghosn a vraisemblablement offert des garanties qui ont convaincu le juge que le magnat franco-libanais-brésilien serait dans l'incapacité totale de détruire des preuves ou de quitter le pays.

 

"Avoir une vraie défense"

L'ancien patron de Renault "n'est plus le même homme", en revanche "il a la volonté ferme de se battre pour que son innocence soit reconnue et sa dignité reconquise", a souligné l'avocat de la famille Ghosn, François Zimeray, sur RTL en précisant avoir parlé au téléphone avec le fils de M. Ghosn.

Selon lui, M. Ghosn n'est pas filmé en permanence à l'intérieur de sa maison mais les accès à son domicile le sont, "ses communications sont filtrées, il n'a pas accès à internet, ses passeports ont été confisqués", et il a l'interdiction d'évoquer certains sujets avec ses proches.

"Enfin, il va pouvoir avoir accès au dossier et avoir une vraie défense", dans un pays qui a "100 ans de retard sur sa justice" et est "en contravention totale avec les grands textes des droits de l'Homme", a poursuivi Me Zimeray.

Interrogé sur la possibilité que l'ancien patron de la firme au losange tienne une conférence de presse, il a répondu : "Je ne crois pas que ce soit plausible à brève échéance, parce que c'est un homme qui doit se réadapter à une vie normale".

"Viendra un moment où il voudra s'exprimer, mais ce n'est pas sa priorité pour le moment", a-t-il complété. Ce qu'il l'est, ce sont "des choses très simples", comme "pouvoir faire des gestes de la vie quotidienne".

 

"Une bonne chose"

"Il est essentiel de protéger le principe de la présomption d'innocence et de laisser à chacun la liberté de se défendre dans les meilleures conditions possibles", a déclaré mercredi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

"Ca va être le cas pour Carlos Ghosn qui est désormais libéré", a souligné le ministre. "C'est une bonne chose que Carlos Ghosn puisse se défendre librement et souverainement."

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