Carlos Ghosn futur patron sauveur de Mistubishi?

Carlos Ghosn, PDG de Nissan et Renault, va aussi devenir le président de Mitsubishi Motors, avancent mercredi les médias japonais, une information qui fait espérer une reprise en main du constructeur aux abois malgré l'agenda déjà chargé du charismatique et ambitieux patron.

Cette nouvelle, d'abord donnée par le quotidien Nikkei, a fait bondir l'action de Mitsubishi Motors de 7,85% à la Bourse de Tokyo.

La progression aurait peut-être été moins vigoureuse si Mitsubishi Motors avait lancé avant la clôture (et non 45 minutes après) un sévère avertissement sur ses résultats annuels. A cause d'un scandale de falsification de données, il s'attend désormais à une perte nette de 240 milliards de yens (2,1 milliards d'euros), contre 145 milliards estimé précédemment.

Quoi qu'il en soit, il semble acquis que M. Ghosn mènera la restructuration, après l'entrée de Nissan au capital de Mitsubishi Motors à hauteur de 34% dans le courant du mois, écrit le Nikkei, souvent très bien informé, sans citer ses sources.

Cette nomination en tant que président du conseil d'administration, proposée par Nissan, devrait être approuvée en décembre par les actionnaires et administrateurs de Mitsubishi Motors, précise le journal.

L'actuel patron du groupe, Osamu Masuko, devrait rester en poste en tant que directeur général, même si les terminologies et rôles effectifs au Japon sont un peu différents de ceux appliqués en France.

Contactée par l'AFP, une porte-parole de Mitsubishi Motors n'a pas souhaité commenter dans l'immédiat ces informations.

 

La méthode Ghosn à l'épreuve

Le cas échéant, l'arrivée de M. Ghosn aux commandes ne serait pas une énorme surprise, les observateurs se doutant depuis des semaines qu'en décidant d'investir, le patron de Nissan aurait d'une façon ou d'une autre la haute main sur les orientations de Mitsubishi Motors, même si l'intéressé a plusieurs fois tenu à minimiser son rôle afin de ne pas créer d'inquiétudes sur sa capacité à tout gérer de front.

Mitsubishi Motors est en pleine phase de convalescence après un scandale de maquillages de données sur ses véhicules, une affaire qui aurait pu mettre à terre l'entreprise si Nissan (qui lui achète des mini-véhicules pour les revendre sous sa marque) n'avait pas volé à sa rescousse.

En prenant un tiers du capital de l'entreprise en vertu d'un accord annoncé en mai, Nissan entend accompagner une restructuration bénéfique pour les deux.

Mitsubishi Motors dispose de technologies qui peuvent être utiles à Nissan, notamment pour les véhicules électriques, et les méthodes appliquées chez ce dernier sont censées se montrer efficaces aussi chez Mitsubishi Motors.

Les investisseurs japonais ont une image plutôt positive de la façon dont M. Ghosn gère les sociétés qu'il dirige, louant une stratégie jugée claire et une volonté farouche de réduire les dépenses pour améliorer la rentabilité, quitte à sacrifier des petits fournisseurs, ce qui lui a parfois été reproché dans le cas de Nissan.

De fait, la montée de l'action reflète l'espoir que le "tueur de coûts" Ghosn réussira chez Mitsubishi Motors comme chez Nissan, entreprise qu'il a redressée alors qu'elle était en péril quand Renault a décidé en 1999 d'en prendre le contrôle partiel.

Mitsubishi Motors se trouve aujourd'hui lui aussi dans une situation difficile. Le constructeur avait, le 20 avril, admis des manipulations de données sur quatre modèles de mini-voitures, dont deux construits pour Nissan. Mitsubishi Motors a ensuite avoué avoir utilisé des tests non homologués au Japon depuis 25 ans sur plusieurs autres véhicules.

La perte afférente redoutée pour l'année en cours sera la première en huit ans.

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