Camion électriques Volta : levée de fonds et carnet de commande de 260 millions de dollars

Volta Trucks, une start-up suédo-britannique de camions tout électrique, parie sur l'interdiction à venir des véhicules polluants dans plusieurs pays pour lancer d'ici fin 2021 ses modèles à l'assaut des centres-villes, malgré le Brexit et la pandémie.

La toute jeune société créée en Suède en 2019, qui emploie 80 personnes, a obtenu un nouvel investissement de 20 millions de dollars, notamment auprès du fonds spéculatif américain Luxor Capital, qui doivent lui permettre de monter en cadence et d'embaucher des ingénieurs et commerciaux, explique-t-elle mercredi dans un communiqué.

L'entreprise, qui ne précise pas combien cet investissement la valorise, développe un 16 tonnes, le Volta Zero, à la cabine entièrement vitrée avec un conducteur assis en position centrale, et une autonomie annoncée de 150 à 200 kilomètres, destiné aux livraisons sur quelques kilomètres à l'intérieur des villes.

Il proposera ses camions aux distributeurs, accusés largement de contribuer avec leurs camions de livraison à essence à la pollution des centre-villes, et à des transporteurs proposant des services auprès de particuliers, par exemple pour déplacer des meubles.

Pour l'heure, un seul prototype existe, présenté en 2020 au Royaume-Uni et fabriqué par le groupe automobile britannique Prodrive.

Son carnet de commandes atteint 260 millions de dollars et il a notamment conclu un contrat pour 1.000 véhicules avec le français Petit Forestier, le leader européen de la location frigorifique.

L'objectif est que ses camions soient opérationnels fin 2021, sans que la pandémie ait pour l'heure contrarié ses plans, avant de pouvoir les proposer plus massivement à la fin de 2022.

Volta, qui a également une implantation en France, doit désormais trouver un partenaire pour construire ses véhicules.

 

Le Brexit en ligne de mire

"Nous sommes dans la phase finale des négociations avec plusieurs groupes industriels en Europe", y compris au Royaume-Uni, explique à l'AFP le directeur général Rob Fowler.

S'il explique que le Brexit n'a pas d'impact à court terme sur son activité, il reconnaît que la sortie de l'UE pourrait avoir une influence sur son choix.

"Nous tenons compte des barrières commerciales, des coûts logistiques, du coût du travail, soit un ensemble de facteurs et l'impact du Brexit en fait partie", souligne-t-il.

Un autre défi sera de convaincre des clients sur une grande échelle alors que les véhicules électriques sont toujours plus chers à l'achat.

M. Fowler assure lui que le prix de revient pour le client "est comparable à celui d'un véhicule diesel" qui coûte cher en carburant.

Le but de Volta Trucks est de se positionner pour profiter des nouvelles réglementations à venir et du basculement de l'industrie automobile vers l'énergie verte.

Le Royaume-Uni a avancé récemment à 2030 l'interdiction de la vente de nouvelles voitures diesel et à essence et d'autres pays européens suivront peu après.

Les professionnels du secteur automobile britannique pressent eux le gouvernement d'investir massivement dans les infrastructures, notamment pour la production de batteries, afin de préserver l'attractivité du pays.

"Le secteur va dans la bonne direction mais la question fondamentale est de savoir si cela va assez vite", se demande M. Fowler.

Volta s'inscrit dans les pas de la jeune entreprise britannique Arrival, qui fabrique des camionnettes électriques et a même fait son entrée en Bourse à New York, mais ne proposera pas de véhicules avant 2022.

Les Etats-Unis sont d'ailleurs en pointe dans le domaine des camions et utilitaires électriques avec Tesla, Rivian ou Nikola, ce dernier ayant toutefois été accusé récemment d'avoir embelli son projet.

Le marché des véhicules électriques suscite d'énormes convoitises de la part des constructeurs traditionnels, des start-up et même de géants pétroliers qui tentent de "verdir" leur activité.

L'anglo-néerlandais Royal Dutch Shell a annoncé en début de semaine avoir racheté l'allemand Ubitricity, qui dispose d'un des plus grands réseaux de point de charge à usage public pour véhicules électriques en Europe.

Son concurrent BP avait lui acheté Chargemaster en 2018 avec pour objectif de devenir le numéro un britannique des bornes de recharge.

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