C. Rollet, DG de Point S: face à la fermeture des petits commerces, les géants du e-commerce doivent aussi participer

Christophe Rollet, Directeur général de Point S, le spécialiste mondial du pneu et de l'entretien auto, réagit au débat que soulève la fermeture des petits commerces de proximité tandis que les géants du web continuent de bénéficier de la crise.

" Alors que la situation de la crise sanitaire a obligé le gouvernement à nous reconfiner et à fermer les commerces jugés non essentiels, on ne peut comprendre que le gouvernement laisse au profit des grandes plateformes de vente en ligne un avantage concurrentiel qui, au regard de la période, devient inacceptable. Cette concurrence déloyale fragilise encore plus notre économie et ce, pour plusieurs raisons. La première est que ces entreprises qui ont souvent leur siège social en dehors du pays, sont déjà moins taxées que les petits commerces indépendants, et n'ont pas les mêmes charges. La deuxième est qu'elles se permettent de vendre des produits pas tous essentiels et prennent naturellement des parts de marchés aux commerces physiques qui eux, sont actuellement fermés. Certains sites notoires ont même annoncé la tenue du Black Friday pour attirer encore plus de consommateurs, mais pourquoi les laisser promouvoir cette offre alors que les autres en sont empêchés !

Il est à mon avis urgent de rétablir l'équité ! Les gros sites internet doivent être remis au même niveau que les autres commerces.

Plusieurs solutions pourraient être adoptées :

1-      Interdire, comme pour les commerces physiques et sur la même période, la vente de biens non essentiels sur les grandes plateformes internet.

2-      Taxer toutes ces grandes plateformes sur les ventes de produits que les autres commerces ne peuvent fournir, et reverser cette manne financière aux petits commerces, fermés, qui en ont bien besoin, privés de leur raison de vivre. Une contribution en pourcentage pourrait par exemple être appliquée automatiquement sur certains produits.

3-      Modérer l'accès aux plateformes internet en limitant leur amplitude d'ouverture horaire.

Car si on continue de creuser le fossé entre les géants mondiaux du e-commerce et les petits commerces, nous avons tous à y perdre. Au final, cela n'est pas dans l'intérêt du consommateur de fragiliser son écosystème économique, la concurrence joue pour lui, à laisser ces acteurs aux coûts moindres dévaster notre économie n'est pas constructif, de plus, leur seule arme reste le prix, mais que fait-on de la formation, de la qualité d'accueil, du renseignement et accompagnement à la vente des clients, que seuls les petits commerces savent proposer ?

Surtout, à l'heure où les consommateurs retrouvent plus de sens à effectuer leurs achats dans des petits commerces de proximité, sur leurs marchés, ou même en vente directe chez des producteurs, ce n'est, à mon avis, pas le sens de l'histoire ! Aujourd'hui, la bataille entre les petits commerces et la grande distribution est dépassée. Le concept du grand hypermarché a fait son temps, il a du mal à se métamorphoser. Comme d'ailleurs celui du Centre Auto, dans notre marché de l'après-vente automobile. Nous nous sommes remis en question. Les consommateurs veulent de la proximité et du professionnalisme, ils ont, sur chaque bien de consommation, une réponse à leur attente : les Indépendants et Spécialistes.

En tant qu'enseigne d'indépendants, Point S le vérifie au quotidien. Nous sommes d'ailleurs fiers d'être une coopérative indépendante, ce qui ne nous empêche pas d'être un des leaders mondiaux de la réparation auto. Nos intérêts sont en adéquation avec ceux de nos adhérents et de nos clients. Nous répondons ainsi bien mieux aux attentes du moment. Economiquement parlant, le modèle de commerce coopératif fonctionne d'ailleurs bien et sera le gagnant de la distribution de demain. "