Britishvolt en faillite, coup dur pour l'électrification automobile au Royaume-Uni

Coup dur pour l'électrification du secteur automobile au Royaume-Uni : Britishvolt, start-up portant un projet de méga-usine de batteries pour véhicules électriques a déposé le bilan mardi, après des mois de lutte pour sa survie.

"L'entreprise est en dépôt de bilan en raison d'investissements insuffisants pour financer les recherches qu'elle menait et le développement de ses sites dans les Midlands (centre du Royaume-Uni) ou au nord-est", explique le cabinet EY, qui va gérer l'administration de cette faillite, dans un communiqué.

Les deux administrateurs de EY nommés évaluent les options pour monétiser les actifs de l'entreprise, "y compris la propriété intellectuelle et les actifs de recherche et développement", pour le bénéfice des créanciers, poursuit le communiqué.

Les administrateurs vont donc organiser la fermeture de l'entreprise et son démantèlement, est-il précisé.

La majorité des quelque 300 employés de Britishvolt "ont été licenciés avec effet immédiat", indique encore le communiqué.

La start-up avait échappé de justesse à la faillite en novembre grâce à un financement de court terme et cherchait depuis des investisseurs de plus long terme. Elle avait indiqué la semaine dernière être en pourparlers pour céder une majorité de l'entreprise.

Le conseil d'administration de la société aurait décidé lundi qu'il n'y avait pas d'offre viable pour maintenir la société à flot, précisait mardi matin la BBC sur son site internet.

Selon la presse britannique, deux offres à 30 millions de livres étaient sur la table (bien en deçà des sommes déjà investies dans le projet), l'une émanant de DeaLab Group, un fonds d'investissement lié à des intérêts en Indonésie, et l'autre de certains actionnaires de Britishvolt.

Trajectoire chaotique 

L'entreprise avait reconnu en août des difficultés liées aux "conditions du marché, y compris l'inflation galopante et la hausse des taux d'intérêt".

L'entreprise avait aussi invoqué "les incertitudes géopolitiques" et "la crise énergétique mondiale", repoussant la date de début de production de 2023, à 2025.

Face aux difficultés, ses employés avaient accepté une réduction de salaire temporaire en novembre.

Sur un coût total du projet de 3,8 milliards de livres, Britishvolt n'avait levé jusqu'ici que 200 millions.

L'entreprise avait toutefois conclu en janvier 2022 un partenariat avec le spécialiste en bâtiments logistiques Tritax et le géant britannique de la gestion d'actifs Abrdn portant sur la construction de l'usine pour 1,7 milliard de livres.

Le projet avait aussi reçu le soutien du gouvernement conservateur de l'ancien Premier ministre Boris Johnson. Mais le financement public de 100 millions de livres, conditionné à l'avancée du projet, n'a pas encore été versé, selon la presse locale.

La start-up visait une production annuelle de plus de 300.000 batteries de véhicules électriques et l'embauche directe de 3.000 personnes.

Dan Hurd, co-administrateur d'EY, a jugé "décevant que l'entreprise n'ait pas été en mesure de mener à bien ses ambitions et de lever les fonds nécessaires".

"Britishvolt a eu une trajectoire chaotique et avait déjà manqué de peu la sortie de route auparavant, au moment où la course mondiale pour la domination du secteur des batteries a accéléré", estime Susannah Streeter, analyste de Hargreaves Lansdown.

Elle estime que l'échec de Britishvolt est un "obstacle notable pour l'avenir de la fabrication de batteries électriques au Royaume-Uni, à l'heure où la demande pour les véhicules électriques a bondi".

D'autant que les "mega-usines proches des centres de fabrication (automobiles) sont considérés comme importants au moment où les chaines d'approvisionnement ne sont plus si bien huilées".

"On peut espérer qu'un grand constructeur va jouer au chevalier blanc mais pour l'instant on dirait qu'ils ne sont pas décidés", conclut Mme Streeter.

Les faillites sont en forte hausse en Angleterre et au Pays de Galles d'après des statistiques gouvernementales publiées mardi: +32% en décembre sur un an, et +76% comparé à décembre 2019, avant la pandémie.

© 2023AFP