Brexit: les constructeurs français dans l'expectative

Des représentants des constructeurs automobiles français ont appelé vendredi à éviter tout "catastrophisme" face à la décision des Britanniques de quitter l'Union européenne mais reconnu qu'une période d'incertitude s'ouvrait.

"Chacun des acteurs automobiles fait ses comptes, analyse, fait des scénarios", a remarqué le président du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA), Christian Peugeot.

Parmi les éléments de l'équation, "le cours de la livre est un élément très structurant pour les résultats des constructeurs", a développé M. Peugeot lors d'une conférence de presse consacrée au marché automobile français.

Quant au marché outre-manche, "on a l'impression qu'il y a une phase de sidération des Britanniques devant la décision qu'ils ont prise", a ajouté M. Peugeot, pour qui "il peut y avoir une période de ralentissement du marché dans ce contexte-là".

Alors que les titres des constructeurs français PSA et Renault ont été très chahutés en bourse après les résultats du référendum la semaine dernière, M. Peugeot a remarqué que "les constructeurs automobiles ont des actionnaires stables et des +hedge funds+ (fonds d'investissement, NDLR) qui tournent".

"Il y a des effets de bord, un peu supérieurs à la réalité, l'idée que ça va peser sur les constructeurs notamment, mais il va falloir décanter tout cela et le bilan finalement ne sera peut-être pas le pire qu'on peut imaginer", a-t-il assuré.

De son côté, le directeur commercial France de Renault, Philippe Buros, a souligné que "quand vous produisez en Europe, vous envoyez vos véhicules au Royaume-Uni (...) forcément il va y avoir une tension sur les prix, il va falloir que tous les constructeurs européens augmentent les prix".

"Vous avez ceux qui produisent au Royaume-Uni, qui sont favorisés sur leur coût de production, reste à voir après quelles seront les barrières douanières, les taxes", a-t-il ajouté, en estimant aussi qu'"il va falloir attendre que le cours de la livre sterling se stabilise un petit peu".

Mais M. Buros a mis en garde contre tout "catastrophisme". "Le marché anglais n'est pas pour les constructeurs français une grosse partie de notre chiffre d'affaires. C'est une partie importante mais ce n'est pas crucial", a-t-il assuré.

PSA (marques Peugeot, Citroën et DS) détenait 8,5% du marché automobile britannique des voitures neuves en 2015, et Renault 4,3%, des voitures produites pour la plupart en zone euro et vendues en livres sterling, les deux groupes ne possédant pas d'implantation industrielle outre-manche.

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