Brexit : les constructeurs allemands et japonais inquiets

La fédération allemande de l'automobile VDA, porte-voix des grands noms du secteur en Allemagne, a mis en garde mercredi la Grande-Bretagne contre le choix d'un Brexit "dur". Takeshi Uchiyamada, président du conseil d'administration de Toyota, a lui aussi fait part mercredi de son inquiétude quant à la compétitivité de ses activités au Royaume-Uni au lendemain d'un discours de Theresa May.

"Une sortie britannique du marché intérieur de l'UE aurait des conséquences considérables pour l'économie des deux côtés de la Manche", a estimé son président Matthias Wissmann, dans une réponse écrite à l'AFP.

"Un Brexit dur serait laborieux et coûteux", a-t-il averti, jugeant que "cela aurait pour conséquence une longue phase d'incertitudes".

La Grande-Bretagne destine 57% de sa production automobile à l'Union européenne et représente le premier marché à l'export des constructeurs allemands, a rappelé M. Wissmann.

Une voiture produite en Allemagne sur cinq est achetée au Royaume-Uni, selon la VDA. La fédération, qui défend les intérêts de Volkswagen, Opel (groupe General Motors) ou encore Daimler, recense environ 100 sites de constructeurs et équipementiers automobiles allemands en Grande-Bretagne.

"Les entreprises automobiles ont un grand intérêt à ce que soient trouvées des solutions qui continuent de garantir le commerce intensif et la création de valeur ajoutée qui en découle", a conclu le président de la VDA.

Mardi, la Première ministre britannique Theresa May a déclaré que le divorce prévu avec l'Union européenne signifiait la sortie du marché unique, en défendant une rupture "claire et nette" avec l'UE.

Les négociations entre Londres et Bruxelles débuteront une fois activé l'article 50 du Traité de Lisbonne d'ici fin mars.

Sollicité par l'AFP, le constructeur BMW a estimé qu'il était encore "trop tôt pour commenter sur ce que signifierait le Brexit pour (son) activité dans la mesure où les négociations n'avaient pas encore commencé", mais a appelé Mme May "à s'assurer que les négociations (...) déboucheraient sur un accès simple et sans droits de douane au marché unique de l'UE".

Avec ses quatre usines fabriquant les Rolls-Royce et Mini, le spécialiste de l'automobile haut de gamme est au Royaume-Uni un employeur et un exportateur de premier plan.

"En tant qu'investisseur et employeur majeur au Royaume-Uni, le groupe BMW exhorte le gouvernement à prendre en compte les préoccupations du commerce international", telles que le libre-échange et les opportunités d'embauches transfrontalières, a plaidé le groupe munichois.

 

Le président de Toyota aussi

Le président du géant automobile japonais Toyota a lui aussi fait part mercredi de son inquiétude quant à la compétitivité de ses activités au Royaume-Uni au lendemain d'un discours de Theresa May en faveur d'un "Brexit dur".

"Nous avons vu la direction prise par la Première ministre britannique, donc nous allons envisager, avec nos fournisseurs, la manière dont notre société peut s'en sortir", a prévenu Takeshi Uchiyamada, président du conseil d'administration du constructeur, dans un entretien accordé au Financial Times à l'occasion du Forum économique mondial à Davos.

Les activités des constructeurs d'automobiles étrangers au Royaume-Uni pourraient être affectées par la perspective du "Brexit dur" défendu par Theresa May mardi. Cette dernière a annoncé vouloir sortir du marché unique européen, afin de bâtir de nouveaux accords de libre-échange avec l'Union européenne.

"Nous réfléchissons et discutons avec le gouvernement afin de savoir comment maintenir la compétitivité et (...) nous espérons être capables de dessiner un avenir prometteur pour notre implantation" dans le pays, a dit M. Uchiyamada. Le dirigeant a toutefois expliqué qu'aucune décision n'a été prise à ce stade et qu'il attendra de voir comment l'UE répond aux propositions de Londres.

Toyota possède deux usines au Royaume-Uni, à Burnaston dans le centre de l'Angleterre pour l'assemblage des véhicules et à Deeside au Pays de Galles pour les moteurs. Il emploie plus de 3.400 personnes dans le pays.

La préoccupation du groupe japonais fait écho à la situation de son concurrent Nissan qui a obtenu des garanties auprès du gouvernement britannique en octobre en échange de l'engagement de continuer à investir sur son site de Sunderland (nord-est de l'Angleterre).

esp/ilp

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