Brexit: Infiniti se retire

Le constructeur d'automobiles japonais Nissan a annoncé mardi qu'il allait cesser de produire ses modèles de luxe Infiniti à Sunderland, un nouveau coup dur pour cette usine anglaise à trois semaines du Brexit.

Dans un communiqué, la marque Infiniti, qui appartient à Nissan, a expliqué qu'elle se retirerait d'Europe occidentale au début 2020 pour "se concentrer" sur les marchés à plus forte croissance, l'Amérique du Nord et la Chine. Dans ce cadre, la production des crossover haut de gamme Q30 et QX30 "va cesser d'ici à la mi-2019", a souligné le groupe, qui n'a pas évoqué le Brexit.

Infiniti ajoute qu'il va ouvrir des discussions avec le personnel et les représentants syndicaux sur les conséquences sociales de cette annonce.

Début février, Nissan avait renoncé à assembler un autre crossover dans cette usine, évoquant cette fois "l'incertitude persistante" autour du Brexit.

L'annonce de mardi s'inscrit cette fois dans le cadre plus large d'une restructuration d'ampleur d'Infiniti. Ce dernier explique vouloir renforcer sa présence dans le secteur des SUV en Amérique du Nord, sortir cinq nouveaux véhicules en Chine dans les cinq années à venir et renforcer les synergies avec sa maison mère Nissan.

Reste que l'annonce du retrait d'Infiniti de Sunderland constitue une mauvaise nouvelle de plus pour cette usine géante du nord-est de l'Angleterre, où ces deux modèles haut de gamme Infiniti étaient fabriqués depuis 2016.

Quelque 7.000 salariés travaillent à Sunderland, pour l'essentiel sur plusieurs modèles Nissan. L'annonce le mois dernier de l'abandon du projet d'y assembler le crossover X-Trail pour le marché européen avait provoqué une onde de choc non seulement dans cette région, la privant de la création de 741 emplois, mais avait aussi choqué dans tout le pays.

Les nerfs sont à vif au Royaume-Uni dans la dernière ligne droite avant le Brexit prévu le 29 mars, et toute nouvelle économique potentiellement liée au départ de l'UE prend immédiatement d'importantes proportions politiques.

Dans le cas du X-Trail, Nissan avait opéré un revirement car le groupe avait annoncé en octobre 2016 qu'il assemblerait sur place ce modèle pour l'Europe - après une visite du PDG de l'époque, Carlos Ghosn, venu en personne rencontrer la Première ministre britannique Theresa May afin d'obtenir des garanties.

Depuis, les incertitudes autour du Brexit prévu le 29 mars se sont néanmoins accrues et Carlos Ghosn a par ailleurs été révoqué avec fracas le 22 novembre de la présidence de Nissan, en raison de soupçons de malversations financières qu'il nie.

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