Bourse de Paris : Renault -12,87%, Peugeot -7,19%

La Bourse de Paris a connu une nouvelle séance de débâcle lundi (-5,75%), rien ne semblant pouvoir stopper la défiance des marchés, désormais convaincus qu'une récession est inévitable en raison de l'épidémie liée au coronavirus et des mesures drastiques prises pour la combattre.

L'indice CAC 40 a perdu 236,90 points à 3.881,46 points, dans un volume d'échanges qui est resté très nourri, à 7,5 milliards d'euros. Vendredi, il avait terminé sur un rebond technique de 1,83%, ce qui ne l'a pas empêché de chuter de 20% la semaine dernière.

Après un nouveau décrochage à l'ouverture, la cote parisienne a encore creusé ses pertes en séance, tombant même en séance à un plus bas depuis fin juin 2013, avant de limiter un peu la casse.

"Le marché a complètement ajusté ses attentes, considérant que dans tous les cas, nous ne sommes pas en mesure de gérer la crise du point de vue épidémique", a souligné auprès de l'AFP Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

"Même si les réponses politiques ou monétaires sont certainement adaptées, le problème est que personne n'a de visibilité sur la crise sanitaire, sa durée et surtout sur la durée de la récession", a-t-il complété.

Les investisseurs estiment désormais que "la crise va s'étirer au minimum jusqu'à l'été, ce qui est une mauvaise nouvelle pour les marchés financiers", selon M. Dembik.

Les banques centrales et les gouvernements emploient pourtant les grands moyens pour tenter d'endiguer les conséquences économiques de l'épidémie de nouveau coronavirus qui sévit désormais en Europe, devenue épicentre de la maladie, et qui contamine peu à peu les Etats-Unis.

Selon l'OMS en effet, il y a désormais "plus de cas et de décès dans le reste du monde qu'en Chine".

Mais loin de rassurer les marchés, l'arsenal de mesures budgétaires et monétaires annoncées ces derniers jours a suscité une réaction plutôt négative de leur part.

"En l'espace de quinze jours, nous avons eu un revirement de politique monétaire avec des banques centrales qui agissent comme en plein milieu de la crise financière, ce qui renforce aussi les anticipations des marchés concernant le fait que la récession va être certainement beaucoup plus profonde qu'en 2008-2009 et probablement plus durable qu'initialement prévu", a expliqué M. Dembik.

La Réserve fédérale américaine a abaissé brutalement dimanche son taux à 0%-0,25% et annoncé une injection de liquidité de 700 milliards de dollars, en amont de la réunion de politique monétaire qui devait se dérouler mardi et mercredi prochain.

Les 27 ministres des Finances de l'UE, réunis par vidéoconférence lundi, tentaient également de riposter aux conséquences dévastatrices de la crise du coronavirus, qui a mis l'économie européenne dans une "situation comparable à celle d'une guerre", selon le président de l'Eurogroupe, Mario Centeno.

Une réunion extraordinaire des 27 dirigeants de l'UE est en outre prévue mardi pour le suivi de la réponse à la pandémie.

Côté indicateurs, en Chine, la production industrielle s'est contractée pour la première fois en près de 30 ans tandis que les ventes de détail se sont effondrées.

L'activité manufacturière dans la région de New York est en outre tombée en mars au plus bas depuis la crise financière de 2009, selon l'indice mensuel Empire State publié lundi.

 

Banques et assurances dévissent

Sur le front des valeurs, l'automobile, les valeurs bancaires et les assureurs ont payé le prix fort.

Société Générale a ainsi plongé de 15,33% à 14,52 euros, BNP Paribas de 13,52% à 27,44 euros, Crédit Agricole de 11,43% à 6,08 euros tandis qu'Axa a sombré de 12,30% à 13,44 euros.

Renault, qui a mis à l'arrêt ses quatre usines espagnoles ainsi que toutes ses usines françaises, a chuté de 12,87% à 14,55 euros tandis que Peugeot s'est enfoncé de 7,19% à 11,04 euros.

L'aérien a également particulièrement souffert, à l'instar d'Airbus (-7,17% à 69 euros) et Air France-KLM (-10,11% à 4,32 euros), qui a annoncé une réduction drastique de son offre et un dispositif de chômage partiel pour l'ensemble de ses salariés pour une période de six mois maximum.

ADP (-16,13% à 78 euros) craint de son côté un impact négatif de 190 millions d'euros en 2020 sur son résultat brut d'exploitation.

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