BMW veut repasser devant Daimler et choisit Oliver Zipse

Tout en s'accordant sur la voiture autonome avec Daimler, BMW veut reprendre sa place de leader de l'électrique et change de patron dès le mois d'août.

Cela n'aura pas traîné. Alors que Harald Krüger devait aller jusqu'à la fin de son contrat en avril prochain, le conseil de surveillance du constructeur allemand BMW a choisi jeudi soir Oliver Zipse, 55 ans, pour succéder lui succéder dès le mois d'août. Objectif assigné : combler le retard pris par le groupe dans la voiture électrique.

Aux manettes du géant bavarois depuis 2015, M. Krüger, 53 ans, avait annoncé début juillet qu'il ne comptait « pas renouveler son contrat », qui court jusqu'à fin avril 2020, ouvrant les spéculations en plein bouleversement du secteur automobile.

Mais la transition aura finalement lieu dès le 16 août, a annoncé le spécialiste de la voiture haut de gamme dans un communiqué de quelques lignes, après une réunion du conseil de surveillance tenue dans son usine américaine de Spartanburg, en Caroline du Sud.

Ingénieur et pur produit de BMW, où il est entré comme stagiaire en 1991, M. Zipse dirigeait depuis 2015 la production de BMW et supervisait à ce titre ses 31 usines mondiales, dont la plus récente a été inaugurée le mois dernier à Mexico.

Bon connaisseur des rouages industriels et sociaux du groupe de Munich, il avait mis en place un vaste réseau de partenaires et sous-traitants jugé efficace, notamment en Europe de l'Est.

Oliver Zipse faisait figure de principal favori face au chef du développement Klaus Fröhlich, 59 ans, tête chercheuse chargée des technologies d'avenir, mais menacé par la limite d'âge. La presse allemande s'interrogeait cette semaine sur le maintien de M. Fröhlich à ce poste clé en cas de désignation d'Oliver Zipse, une question non abordée jeudi soir par BMW.

Oliver Zipse, entré comme stagiaire, a fait tout sa carrière chez BMW comme ingénieur. Il était le patron des 31 usines du groupe avant sa nomination comme n°1

Le rival allemand Daimler, qui a chipé en 2016 à BMW la place de numéro un mondial de la voiture haut de gamme, a vécu une transition identique en mai dernier, quand son patron Dieter Zetsche a passé la main au Suédois Ola Källenius.

« Les défis sont tellement gigantesques », de l'électrification à la voiture autonome, « qu'il faut de la clarté et une direction. Il y a de l'inquiétude parmi le personnel et les sous-traitants », soulignait mardi Horst Lischka, représentant du syndicat IG Metall au conseil de surveillance, cité par l'agence DPA.

Le nouveau patron aura pour principale tâche de conduire la transition électrique, défi posé à l'ensemble du secteur et particulièrement aigu pour les groupes allemands qui ont tardé à en prendre la mesure.

BMW avait pourtant été parmi les premiers constructeurs à proposer une voiture 100 % électrique avec la citadine i3 présentée fin 2013. Il a ensuite perdu son avance alors même que cette motorisation devenait incontournable, d'autant que les groupes doivent réduire rapidement les émissions de CO2 des voitures pour respecter des limites imposées par l'UE à partir de 2020.

 

Coalition allemande

Cet enjeu a de surcroît suscité ces derniers mois des désaccords inhabituellement publics entre groupes allemands, quand le géant Volkswagen a plaidé pour concentrer les subventions gouvernementales sur les petites voitures électriques, soit sa propre gamme.

BMW et Daimler prônent de leur côté une exploration de toutes les technologies susceptibles de réduire les émissions de gaz à effet de serre (hybride, gaz naturel, hydrogène mais aussi diesel).

Par ailleurs, les deux rivaux du haut de gamme ont uni leurs forces en février dernier pour développer de nouvelles formes de mobilité, d'abord dans l'autopartage, puis pour mettre en commun les énormes investissements requis par la voiture autonome.

Au cours des cinq premiers mois de l'année, BMW a vendu quelque 48 000 voitures électrifiées, soit 2 % de plus que sur la même période en 2018 – mais ces modèles représentent moins de 5 % du bon million d'unités vendues au total par le groupe.

M. Krüger a promis fin juin d'accélérer la mise sur le marché des voitures électriques, annonçant 25 modèles d'ici 2023, soit deux ans plus tôt qu'annoncé.

Côté résultats, M. Krüger a dû présenter des chiffres annuels décevants, annonçant pour 2019 un « net recul » du bénéfice imposable, dans un contexte de baisse des marges en raison de la hausse des investissements et des coûts.

© 2019AFP