Bataille familiale autour de la 250 GTO à 38 millions d'euros

Huit mois avec sursis requis contre Patrick Bardinon qui faisait valoir ses droits exclusifs sur la voiture la plus chère du monde en 2014 : 38 millions d'euros.

Huit mois de prison avec sursis et 15 000 euros d'amende ont été requis, vendredi, à l'encontre de Patrick Bardinon, accusé par son frère et sa sœur d'avoir vendu la « Joconde des Ferrari », une voiture de collection qui, selon eux, ne lui appartenait pas.

Au deuxième et dernier jour de son procès en correctionnelle, vendredi à Guéret (Creuse), M. Bardinon a été victime d'un malaise à l'audience. Après une suspension de séance et l'intervention des pompiers, le tribunal n'a pas retenu la demande de renvoi de ses avocats et le jugement a été mis en délibéré au 7 mars.

L'homme de 61 ans est poursuivi pour abus de confiance par son frère cadet Jean-François et sa sœur aînée Anne pour avoir vendu en 2014 une Ferrari 250 GTO de 1964 faisant partie, selon eux, de la succession familiale.

À 38 millions d'euros, elle était alors le véhicule le plus cher du monde. Une somme vertigineuse qui a fait dire à Me Julien Dami Le Coz, l'un des avocats d'Anne Bardinon, que Patrick Bardinon réaliserait « le casse du siècle » s'il n'était pas condamné.

Les avocats du prévenu, Mes Vincent Jamoteau et Pascal Rouiller, ont tenté de démontrer que le véhicule avait bel et bien été offert à Patrick par son père Pierre, grand collectionneur de la marque au cheval cabré, après un terrible accident de course automobile en Allemagne en 1978.

Ce jour-là, « Pierre Bardinon a entendu à la radio que son fils était mort », a plaidé la défense, et lui a donné la Ferrari pour se faire pardonner de lui avoir transmis le virus de l'automobile.

 

Présent d'usage

« Une fable » pour les avocats de Jean-François et Anne Bardinon, selon qui ce don « n'a rien d'officiel et ne respecte pas les droits de succession des autres enfants » de l'industriel, décédé en 2012.

« Faire un cadeau à l'occasion d'événements spéciaux – fiançailles, mariage ou anniversaire –, c'est ce que l'on nomme un présent d'usage. Mais l'accident ne rentre pas dans cette catégorie. Et une telle voiture n'est pas vraiment un présent d'usage ! » a ainsi estimé Me Thierry Massis, un des avocats de Jean-François Bardinon.

Dans les années 70, l'industriel possédait une soixantaine de Ferrari, achetées sous forme d'épaves. La GTO 250, produite à seulement trois exemplaires en 1964 et joyau de son musée privé en Creuse, avait été acquise en 1978 pour 700 dollars et réparée pour 1 500 dollars.

Le procureur de la République a estimé que l'abus de confiance était constitué, écartant comme preuve la carte grise du véhicule, établie au nom de Patrick.

Les avocats de la défense ont trouvé « indécent » que cette querelle familiale soit portée au pénal et ont réclamé la relaxe de leur client.

Les plaignants ont également réclamé une somme de 42 millions d'euros, soit la valeur actuelle de la voiture plus des intérêts, ainsi que 200 000 euros de préjudice moral.

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