Avtovaz commence à remonter la pente

Avec un frémissement des ventes et des pertes réduites, le numéro un russe de l'automobile Avtovaz, que Renault tente actuellement de redresser, s'est dit vendredi en bonne voie pour atteindre son objectif son retour à la rentabilité en 2018.

Au moment où le marché russe semble se stabiliser après quatre ans de chute libre, le patron de la marque au losange, Carlos Ghosn, a insisté que non seulement son coûteux pari sur ce pays cesserait prochainement de plomber les comptes de son groupe, mais qu'il deviendrait à terme une "machine à cash".

Avtovaz, dont les célèbres Lada représentent une voiture sur cinq vendue en Russie, devait constituer une pièce maîtresse pour l'alliance Renault-Nissan quand elle a décidé d'en prendre le contrôle il y a cinq ans.

Mais lourdement endettée, l'entreprise basée à Togliatti, sur la Volga, a subi de plein fouet la crise économique et a accumulé de lourdes pertes. Renault a nommé à sa tête l'an dernier l'ex-patron de Dacia, Nicolas Maure, pour assainir sa situation financière, avant d'entamer une recapitalisation massive qui doit lui donner la majorité du capital.

"Il est visible et évident que 2016 et 2017 sont des années de transition en vue d'une reprise en 2018", a assuré vendredi M. Maure lors d'une conférence de presse à l'occasion de la publication des résultats annuels.

Il a "reconfirmé" l'objectif fixé peu après son arrivée: dégager un bénéfice d'exploitation l'année prochaine.

Avtovaz a accusé en 2016 une perte nette de 44,8 milliards de roubles (environ 710 millions d'euros au taux de vendredi), inférieure de 39% à celle enregistrée un an plus tôt. Sa perte d'exploitation a été réduite de 39% également à 40,6 milliards de roubles (645 millions d'euros).

"Nous améliorons nos résultats, une grande partie de nos pertes sont dues à des provisions comptables", a insisté M. Maure.

Avant provisions et coûts de restructuration, la perte d'exploitation s'élève à 15,6 milliards de roubles (245 millions d'euros), en baisse de 37%.

Avtovaz peut déjà se féliciter d'avoir augmenté son chiffre d'affaires de 4,8% à 184,9 milliards de roubles (2,9 milliards d'euros), notamment grâce au lancement de nouveaux modèles aux prix plus élevés que les précédents.

Il a limité à 0,2% l'an dernier la baisse de ses ventes en Russie en volumes, à 275.688 unités, avec même une tendance à la hausse ces derniers mois alors que le marché reste en baisse (-12% en 2016 tous constructeurs confondus).

Cette résistance lui a permis d'atteindre une part de marché de plus de 20% sur 2016, qu'il espère maintenir à ce niveau désormais.

- Méthodes japonaises -

Pour redémarrer, le constructeur compte poursuivre sa modernisation, la réduction des coûts et le renforcement de sa coopération avec ses fournisseurs en utilisant les méthodes de l'alliance Renault-Nissan importées du Japon.

Il va renouveler l'ensemble de sa gamme dans les dix ans à venir et augmenter ses exportations de 50% dès 2017 après une chute l'an dernier due essentiellement à une nouvelle taxe au Kazakhstan.

Pour Vladimir Bespalov, analyste de la banque VTB Capital, l'amélioration "progressive" des résultats financiers d'Avtovaz devrait se poursuivre. Concernant les objectifs de retour à la rentabilité en 2018, "nous n'excluons pas que cela arrive dès le second semestre de cette année si la tendance positive récente se confirme", a-t-il jugé dans une note.

Pour Renault, la réduction des pertes a déjà un effet concret en allégeant le poids d'Avtovaz dans ses comptes, avec une contribution négative ramenée à 89 millions d'euros pour 2016 contre 620 millions en 2015.

Au-delà de Lada, Carlos Ghosn a assuré que les marques de son groupe, qui ont maintenu une présence importante en Russie malgré la crise, étaient désormais bien positionnées pour profiter du rebond espéré dans les mois à venir.

"Avec une reprise du marché russe, des produits modernisés, une forte localisation et Lada remis sur le bon chemin, la Russie va devenir à mon avis une machine à cash", a souligné le dirigeant lors d'une conférence téléphonique.

S'il n'attend pas de mouvement "significatif" en 2017 et 2018, "après cela, la Russie devrait contribuer de manière très importante à la rentabilité du groupe", a-t-il promis aux actionnaires.

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