Avec Mitsubishi, l'alliance joue la 1ère place mondiale

Avec l'officialisation mercredi de la prise de contrôle de Mitsubishi par Nissan, l'alliance automobile que forme ce dernier avec Renault semble à la portée des 10 millions d'unités vendues par an, niveau où se joue la place de numéro un mondial.

Si Carlos Ghosn, architecte du redressement de Nissan qu'il dirige conjointement avec Renault depuis 2005, affirme que la priorité n'est pas le classement, une telle force de frappe permet des économies d'échelle potentiellement décisives dans un secteur à faibles marges.

Fin juillet, l'alliance franco-japonaise avait annoncé avoir réalisé l'année dernière 4,3 milliards d'euros de synergies. Renault et Nissan partagent depuis 2014 les fonctions ingénierie, fabrication et logistique, achats et ressources humaines. L'objectif est de 5,5 milliards en 2018.

A l'horizon 2020, l'alliance prévoit que 70% de ses véhicules seront construits sur des architectures partagées. C'est aussi au niveau de l'alliance que se développe la stratégie sur les véhicules connectés et autonomes.

Ces synergies passent en outre par une "production croisée" d'une marque dans une usine de l'autre. Deux usines françaises de Renault, Sandouville (Seine-Maritime) et Flins (Yvelines) produisent respectivement des utilitaires et la petite berline Micra de Nissan, contribuant à amortir leurs coûts fixes.

Renault et Nissan, partenaires depuis 1999, restent des entreprises distinctes même si liées par des participations croisées: Renault possède 43,4% de son partenaire japonais et Nissan 15% de la firme de Billancourt. A cela s'ajoutent donc depuis mercredi les 34% dans Mitsubishi qui assurent à Nissan le statut d'actionnaire de référence et la place de président du conseil d'administration à M. Ghosn.

L'alliance inclut aussi le premier constructeur russe, Avtovaz (Lada) en grave difficulté et que Renault vient de s'engager à renflouer, ainsi que le Coréen Samsung Motors contrôlé par l'entreprise au losange. La galaxie Renault-Nissan compte en outre les marques "low-cost" Dacia et Datsun, et haut de gamme Infiniti.

Avant l'entrée de Mitsubishi dans l'alliance, Renault-Nissan revendiquait la quatrième place mondiale, avec 8,53 millions de véhicules produits en 2015, derrière le Japonais Toyota (10,15 millions d'unités), l'Allemand Volkswagen (9,93) et l'Américain General Motors (9,8).

Sur un an, la croissance des ventes de l'alliance n'avait atteint que +0,71%, en raison de l'effondrement du marché russe qui plombé Avtovaz: -31,5% en 2015.

L'année dernière, c'est Renault qui a été le groupe le plus dynamique de l'alliance, avec une croissance de 3,3% des ventes à 2,8 millions de véhicules. Nissan a écoulé deux fois plus d'unités, 5,42 millions, et enregistré une progression de 2,1%.

Pour son exercice annuel bouclé fin mars 2016, Mitsubishi a de son côté indiqué avoir vendu 1,05 million d'unités (-4%).

L'agrégat des ventes de toutes les marques de l'alliance, avec Mitsubishi, pourrait ainsi dépasser les 9,5 millions de véhicules dès l'exercice en cours, d'autant plus que Renault a vu ses ventes croître de 13,4% au premier semestre, à 1,57 million, dopées par le renouvellement de sa gamme européenne et son développement dans certains pays émergents.

Les membres de l'Alliance gèrent des implantations industrielles sur les cinq continents, des usines de Nissan aux Etats-Unis aux co-entreprises chinoises en passant par l'Afrique du Nord et l'Inde, en plus de la forte présence de Renault et Nissan dans leurs zones d'origine, l'Europe occidentale et le Japon.

Mitsubishi apporte dans sa corbeille ses usines et son réseau en Asie du Sud-Est, une zone de croissance prometteuse sur laquelle ni Renault ni Nissan n'étaient jusqu'ici bien positionnés.

tq/ef/jpr

© 2016AFP