Aux JO de 2020, le Japon présentera la mobilité du futur

Son rayonnement technologique a pâli, mais le Japon espère profiter des Jeux olympiques de Tokyo en 2020 pour éblouir le monde comme en 1964. Y parviendra-t-il alors que la donne a radicalement changé depuis ?

 

"Notre aspiration: faire de ces JO les plus innovants de l'histoire", lance, bravache, Masa Takaya, un porte-parole du comité d'organisation.

L'archipel avait superbement réussi son pari quand il avait accueilli il y a 55 ans dans sa capitale les premiers JO organisés en Asie.

Retransmission internationale via la Mondovision, avec certaines épreuves en couleur, inauguration du train à grande vitesse Shinkansen, devenu depuis un modèle de fiabilité dans le monde entier... le Japon avait alors, sans conteste, fait figure de pionnier.

Ses entreprises continuèrent pendant des décennies à se distinguer, des fameux baladeurs Walkman de Sony aux écrans à cristaux liquides (LCD) de Sharp. Mais le 21e siècle s'est montré cruel pour les géants de l'électronique nippons, dépassés par la concurrence asiatique et les ingénieuses firmes américaines de la Silicon Valley.

"Un des gros problèmes, c'est que nous pensons que nous sommes encore innovants. Mais si vous regardez le reste du monde, nous ne sommes plus le pays le plus à la pointe", commente auprès de l'AFP Yoko Ishikura, professeur émérite à l'université de Hitotsubashi. "C'est inquiétant de voir que beaucoup de Japonais ont très peu conscience de ce qui se passe ailleurs".

 

Traducteurs, capteurs, 8K

D'ici aux JO, le Japon ne pourra pas tout révolutionner, mais les compagnies sont "galvanisées", assure Masanori Matsushima, responsable du département olympique chez Panasonic. "C'est l'occasion d'imaginer de nouveaux produits innovants".

Sur le papier, voici le topo.

Dans les aéroports, des fauteuils roulants électriques conduiront les visiteurs alignés en file indienne à la destination indiquée sur leur smartphone.

Dans les rues, sur les différents sites, il y aura des robots en tout genre et des systèmes de traduction ingénieux où le texte s'écrira sur un écran transparent placé entre les interlocuteurs, au niveau des guichets par exemple.

Surtout, dans un Japon spécialiste des capteurs, on disséquera les données des épreuves: position de la balle, rythme cardiaque, mouvements des sportifs. L'idée est d'enrichir les sensations des téléspectateurs ou d'aider les juges dans leur notation, dans le cas d'un système qu'espère déployer Fujitsu en 2020 avec la Fédération internationale de gymnastique (FIG).

NEC propose lui un système de reconnaissance faciale instantanée, seulement 0,3 seconde pour procéder à l'identification. Il reconnaîtra automatiquement les 300.000 athlètes, membres du personnel et journalistes enregistrés.

Enfin, ce sera pour la chaîne publique NHK la plus belle vitrine imaginable pour la technologie ultra-haute définition 8K, qui offre un niveau de détail inégalé. Pour accompagner la commercialisation des premières TV de ce type, des programmes sont déjà diffusés dans ce format depuis décembre 2018.

 

Sans chauffeur

Dans cette course aux prouesses high-tech, les transports aussi seront aux premières loges.

Pour l'industrie automobile, qui traverse une phase de mutation radicale, "2020 est un moment idéal, probablement la ligne de partage entre l'ancien et le nouveau monde", juge Christopher Richter, analyste du secteur au sein de la société de courtage CLSA.

Toyota, sponsor "mobilité" des Jeux, profitera du rendez-vous pour montrer un véhicule futuriste appelé e-Palette.

Disparus volant et chauffeur: la navette se déplacera toute seule "dans une zone définie au préalable", précise Yasunobu Seki, responsable du département dédié aux projets olympiques.

Les touristes pourront aussi emprunter des bus autonomes - six entreprises, dont la compagnie aérienne ANA, ont récemment présenté un prototype qui roulera dans l'enceinte de l'aéroport de Tokyo-Haneda - ou des robots-taxis sur des trajets prédéfinis.

En revanche, "on est encore très loin des voitures qui peuvent vous transporter dans n'importe quel lieu", prévient M. Richter. Et à l'heure actuelle, les constructeurs nippons ne sont pas les mieux placés pour ce faire.

2020, c'est aussi le moment où les véhicules propres, très tendance mais encore minoritaires aujourd'hui, décolleront peut-être vraiment. Là, le Japon peut faire valoir son avance dans l'hydrogène même s'il n'est pas le seul sur ce créneau.

Il y aura une centaine de bus à pile à combustible qui, alimentée avec ce gaz, n'émettent que de la vapeur d'eau, ainsi que des berlines ou des chariots élévateurs. "L'idée est de montrer que l'hydrogène peut faire partie de la vie de chacun et que les gens retiennent cela des jeux", souligne le responsable de Toyota.

Une petite compagnie composée de jeunes ingénieurs enthousiastes planche même sur le développement d'une voiture volante (Cartivator SkyDrive), nourrissant le rêve qu'elle allume la flamme olympique. Mais les organisateurs gardent eux les pieds sur terre et n'imaginent pas voir de tels engins dans les airs à l'été 2020.

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