Au Danemark, plus de vitesse... et moins de tués - 40 MA (+vidéo)

Mercredi 24 janvier 2018, le Délégué interministériel à la Sécurité routière Emmanuel BARBE était auditionné au Sénat relativement à la mesure d'abaissement généralisée de la limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires. À cette occasion, il est revenu à plusieurs reprises sur les conclusions de l'expérimentation danoise de hausse de la limitation de vitesse, révélées en France par l'association « 40 millions d'automobilistes », qu'il a accusé publiquement de colporter.

Au Danemark, 10 km/h de plus et 13% de tués en moins

Le 20 décembre 2017, alors que la mesure d'abaissement de la limitation de vitesse de 90 à 80 km/h sur le réseau secondaire était sérieusement envisagée par le Gouvernement français et bénéficiait des faveurs du Premier ministre Édouard PHILIPPE, l'association « 40 millions d'automobilistes » révélait les résultats d'une étude de sécurité routière menée au Danemark :

« De 2011 à 2015, la Direction des routes danoises, l'équivalent de notre Sécurité routière, a expérimenté - dans le souci d'améliorer l'efficacité des déplacements routiers - une augmentation de la limitation de vitesse de 80 à 90 km/h, soit exactement l'inverse de ce que l'on envisage de faire en France. Or, cette expérimentation a montré non seulement que les vitesses moyennes pratiquées n'avaient pas évolué à la hausse, mais surtout que les données concernant la sécurité des usagers étaient meilleures : une baisse de 11% de l'accidentalité et de 13% de la mortalité routières ont été enregistrées par rapport à la période précédant le test » rappelle Daniel QUÉRO, président de « 40 millions d'automobilistes ».

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L'association n'a fait que relayer les données qui lui ont été fournies au Danemark par l'autorité responsable de l'expérimentation : la Vejdirektoratet. Le rapport final est d'ailleurs accessible sur le site Internet de la Direction des routes.

 

Le DISR parle de fake news... et déforme la réalité

Malgré tout, le Délégué interministériel à la Sécurité routière n'a pas hésité à qualifier ces affirmations de mensongères à plusieurs reprises lors de son audition au Sénat, prétendant avoir eu la preuve qu'il s'agissait de 'pseudo-vérités' en contactant l'ambassadrice du Danemark en France.

« Non seulement Emmanuel BARBE nous prête des propos que nous n'avons jamais tenus en prétendant que nous affirmons que le Danemark a déjà généralisé la hausse des 90 km/h, mais il se permet également de tronquer la vérité en passant volontairement et malhonnêtement sous silence les faits qui desservent son discours. La réalité, c'est que l'expérimentation danoise est un succès et qu'une prolongation a été décidée et des financements supplémentaires alloués pour permettre d'augmenter le nombre de routes à 90 km/h. Personne ne parle de généralisation, seulement de la mise en œuvre de vitesses différenciées et adaptées en fonction de l'infrastructure routière, ce que le Gouvernement français n'a pas eu l'intelligence de faire » dénonce Pierre CHASSERAY, délégué général de l'association.

À ce sujet, le média danois DR révèle que le nombre de kilomètres de routes sur lesquelles la limitation de vitesse serait augmentée pourrait doubler d'ici deux ans. Pour le justifier, le ministre des Transports a déclaré que « les vitesses qui semblent logiques aux yeux des automobilistes sont plus faciles à respecter pour eux que celles qui semblent inadaptées »[1].

Enfin, la plupart des partis politiques danois (de la majorité comme de l'opposition) est favorable à cette nouvelle réglementation, dans la mesure où elle permet d'améliorer l'efficacité des déplacements professionnels et privés, sans contrepartie négative sur la sécurité des usagers. Une enveloppe supplémentaire de 93 millions de couronnes danoises (12,5 millions d'euros) a d'ailleurs été allouée par le Gouvernement pour renforcer la qualité et la sécurité des routes sur lesquelles la vitesse maximale autorisée sera portée à 90 km/h[2].

 

La Sécurité routière et le Gouvernement français démissionnaires

 « La généralisation d'une limitation de vitesse abaissée en France n'est rien d'autre que l'affirmation par l'État de son incapacité à agir : on préfère limiter la vitesse d'impact en cas d'accident que de lutter véritablement contre les causes de l'accidentalité. On préfère enclaver des territoires ruraux qui n'ont d'autres moyens de déplacement que la voiture individuelle que d'investir dans des infrastructures routières plus sécuritaires. On préfère faire des économies et même de l'argent sur le dos des automobilistes que de prendre à bras le corps les enjeux majeurs de sécurité que sont l'alcoolémie et la consommation de stupéfiant au volant » conclut Pierre CHASSERAY.

L'association « 40 millions d'automobilistes » continue à se mobiliser contre la généralisation des 80 km/h en menant des opérations citoyennes et en s'associant à la FFMC à l'occasion de manifestations qui se dérouleront à travers toute la France, notamment le 03 février prochain à Paris.

Un courrier sera adressé dès aujourd'hui par « 40 millions d'automobilistes » à tous les Sénateurs présents lors de l'audition d'E. BARBE, en guise de « droit de réponse » aux propos du Délégué.