Aston Martin : plus de ventes, mais plus de pertes

Le constructeur de voitures de luxe britannique Aston Martin Lagonda a vu ses pertes multipliées par plus de deux au troisième trimestre, pénalisé par des problèmes logistiques et malgré une hausse de son chiffre d'affaires.

Aston Martin affiche une perte après impôts de 228 millions de livres. Son chiffre d'affaires a progressé de 33% à 315,5 millions de livres, tiré notamment par une hausse de ses prix de 28% en moyenne, selon un communiqué mercredi.

Mais le constructeur préféré de James Bond continue d'être fortement pénalisé par "les perturbations des chaînes d'approvisionnement et logistiques ainsi que les pressions inflationnistes qui affectent l'ensemble de l'industrie automobile", retardant les livraisons et augmentant les coûts, selon le président exécutif Lawrence Stroll, cité dans le communiqué.

Des charges liées à une réévaluation de taux de change ont aussi pesé sur le résultat, en gonflant des titres de dette en dollars, alors que la livre a atteint pendant le trimestre un plus bas historique face au billet vert.

Conséquence: Aston Martin a revu à la baisse ses prévisions de ventes sur l'année et l'action du constructeur plongeait de 14,68% à 90,18 pence mercredi vers 09H50 GMT à la Bourse de Londres.

Aston Martin a accumulé les déconvenues depuis son entrée ratée en Bourse à Londres fin 2018. Sauvée de la faillite début 2020 par le milliardaire canadien Lawrence Stroll, l'entreprise cherche désormais à évoluer encore davantage vers le luxe et à amorcer le virage vers l'électrification.

"Le constructeur n'avait pas besoin de ça, alors que sa valorisation a déjà baissé depuis sa cotation, avec de réelles interrogations sur la pérennité des moteurs de croissance à long terme du groupe", relève Sophie Lund-Yates, analyste chez Hargreaves Lansdown.

"Aston Martin a des voitures fantastiques et une marque forte, mais sa situation financière présente un véritable défi", résume de son côté Orwa Mohamad, analyste chez Third Bridge, en particulier pour réduire une dette de plus de 800 millions de livres.

Le constructeur avait annoncé en mai le départ de son directeur général, Tobias Moers, remplacé par l'ancien patron de Ferrari, Amedeo Felisa, et avait finalisé avec succès, fin septembre, une levée de fonds de 654 millions de livres grâce à une émission d'actions, qui doit servir à réduire sa dette et investir.

Le fonds souverain saoudien Public Investment Fund (PIF) était devenu à cette occasion le deuxième actionnaire, avec une part de 18,7%, derrière Yew Tree Consortium, le groupe d'investisseurs dirigé par Lawrence Stroll, qui détient 19% du capital.

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