Aston Martin: mauvaises ventes, l'action chute

Les nuages s'accumulent sur Aston Martin, le fabricant de bolides préféré de James Bond ayant annoncé mardi une nouvelle fois des ventes en baisse et réduit ses prévisions de bénéfice tandis que son action plongeait. Le titre dévissait de près 16% à 438,10 pence dans un marché à l'équilibre vers 15H15 GMT.

"Les conditions de vente difficiles dévoilées en novembre se sont poursuivies pendant le pic saisonnier des livraisons de décembre, ce qui s'est traduit par des ventes en baisse, des coûts en hausse et des marges compressées", a commenté le constructeur britannique dans un communiqué.

Des nouvelles qualifiées d'"assez horribles" par Neil Wilson, analyste de Markets.com, tandis que Russ Mould, du courtier en ligne AJ Bell, se demandait comment une entreprise "avec une marque aussi forte peut publier autant de mauvaises nouvelles".

L'analyste qualifie l'action du groupe, le seul constructeur britannique indépendant coté à la Bourse de Londres depuis à peine plus d'un an, d'un des "pires flops boursiers de mémoire récente".

Le titre a été en effet introduit au London Stock Exchange le 3 octobre 2019 à quelque 1.900 pence et a vu sa valeur fondre depuis.

Les ventes de décembre ont été particulièrement décevantes en Europe continentale, détaille le constructeur, même si les achats pour les flottes d'entreprises ont été meilleurs que ceux des particuliers.

"L'année 2019 a été très décevante", a commenté le directeur général Andy Palmer, précisant que le groupe allait notamment tenter de baisser ses coûts.

Après un avertissement sur résultats l'été dernier, Aston Martin prévient désormais que son bénéfice d'exploitation 2019 se situera entre 130 et 140 millions de livres (165 millions d'euros), soit "environ la moitié des 247 millions de livres de l'an dernier", remarque Neil Wilson.

Selon lui, "la seule bonne nouvelle est que les commandes de DBX", le SUV que vient de lancer en grandes pompes le constructeur et sur lequel il compte pour se refaire une santé, se portent bien et vont l'aider à lever les fonds dont il a besoin.

M. Mould quant à lui s'inquiète du montant élevé de la dette, des taux d'intérêt élevés versés pour la financer, et assène: "la grande question c'est pourquoi les gens fortunés n'achètent pas ses voitures de luxe (...), l'équipe marketing du groupe n'a clairement pas trouvé la formule".

 

Nouveau pilote?

D'autant que le rival britannique d'Aston Martin, Rolls Royce, a lui annoncé mardi des ventes annuelles record sur ses 116 ans d'existence.

Pour M. Mould, Aston Martin "s'est trop reposé sur ses liens avec la saga James Bond mais une fois que le dernier épisode est sorti, le buzz s'arrête (...) Les efforts pour rajeunir la marque en y injectant plus d'émotions ne semblent pas avoir eu les effets désirés".

Et de conclure: "il est peut-être temps que quelqu'un d'autre prenne le volant" chez le constructeur.

Les résultats annuels préliminaires du groupe seront publiés le 27 février. Il était tombé dans le rouge au troisième trimestre, déplorant déjà une dégringolade de ses ventes, une croissance économique plus faible en Europe et au Royaume-Uni notamment à cause des incertitudes du Brexit, et le passage à vide du marché automobile mondial.

Début décembre l'action avait repris des couleurs après des informations de presse évoquant l'intérêt du milliardaire canadien Lawrence Stroll, propriétaire de l'écurie de F1 Racing Point et père du pilote Lance Stroll, qui préparerait une offre pour prendre une participation majoritaire.

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