Arkema a subi une baisse de son bénéfice en 2022, s'inquiète pour le marché européen

Le bénéfice net d'Arkema a glissé sous le milliard d'euros en 2022, affecté par un recul des volumes de vente et l'absence d'une plus-value exceptionnelle engrangée en 2021 après la cession des plexiglas de PMMA.

Mais le numéro trois mondial des adhésifs industriels a annoncé un bénéfice brut d'exploitation (ebitda) à un niveau record, après avoir répercuté la hausse des prix des matières premières à ses clients.

L'an passé, Arkema a vu son chiffre d'affaires progresser de 21% à 11,5 milliards d'euros, conformément aux attentes des analystes.

"Les volumes ont néanmoins baissé de 7,8%, essentiellement en raison du ralentissement économique et des forts déstockages en Europe au second semestre", a précisé le chimiste, notamment pour les peintures et revêtements dans le domaine de la construction.

Le bénéfice net part du groupe a chuté de 25,8%, passant sous la barre du milliard d'euros, à 965 millions, alors que la plupart des analystes attendaient un chiffre un peu plus élevé (1,01 milliard pour le consensus de Bloomberg et 1,1 milliard pour celui de FactSet).

Au quatrième trimestre, le résultat net a par ailleurs été divisé par 10, à 11 millions d'euros.

Le "contexte macroéconomique du début d'année est marqué par un manque de visibilité et une demande encore faible, dans la continuité du quatrième trimestre", indique le groupe. Il prévoit une "amélioration progressive à partir du printemps, qui devrait se renforcer sur la deuxième partie de l'année".

A 2,11 milliards d'euros, le bénéfice brut d'exploitation (ebitda), indicateur privilégié du groupe, a néanmoins "atteint son plus haut historique", en hausse de 22,2% par rapport à 2021.

"Si Arkema réalise un ebitda record en 2022, la situation s'est nettement dégradée tout au long du deuxième semestre 2022 et le point bas de la demande pourrait actuellement être atteint" estime la banque Oddo qui maintient sa prévision de résultat pour 2023, dans une note diffusée dans la matinée.

- "Problème de compétitivité européenne" -

Arkema, né en 2004 de la réorganisation de la branche chimie du groupe pétrolier Total (devenu depuis TotalEnergies), continue de se recentrer sur "l'innovation durable", via des matières et matériaux dits "de spécialité" liés notamment à l'allègement pour l'industrie automobile et aux produits bio-sourcés ou recyclés.

Le groupe, dont la France ne représente que 8% de son chiffre d'affaires alors qu'il y réalise 70% de sa recherche, mise aussi sur le développement de solutions dans le domaine des batteries électriques automobiles.

Pour 2023, il vise un bénéfice brut d'exploitation "d'environ 1,5 à 1,6 milliard d'euros".

Avec "plusieurs centaines de millions d'euros" de coûts énergétiques l'an passé, essentiellement en Europe, selon son PDG Thierry le Hénaff, le groupe est particulièrement prudent sur les conditions de marché sur le vieux continent.

"Si la situation devait rester en l'état, ce serait un problème pour l'Europe, des lignes de produits en Europe pourraient souffrir, comme celles de chlore, d'eau oxygénée, d'acrylique et de polyamide" dont la production nécessite beaucoup de gaz, a indiqué M. Le Hénaff.

Selon lui, la compétitivité de certains sites industriels français ou européens est affectée par rapport à des sites à Singapour ou aux Etats-Unis, essentiellement à cause du différentiel du prix du gaz. "C'est un vrai problème de compétitivité sur le long terme" pour l'industrie européenne, a-t-il dit.

D'ailleurs, les investissements prévus par groupe en 2023 (750 millions d'euros) doivent se faire essentiellement en Asie et aux Etats-Unis, la moité pour la modernisation et la maintenance de sites, l'autre moitié sur des projets à "forte valeur ajoutée".

Aux Etats-Unis, il prévoit une production d'acide fluorhydrique, à partir d'un sous-produit du phosphate qui permet d'éviter une origine fossile, et donc s'intègre dans les projets de décarbonation du groupe.

Alors que le groupe fait partie des industriels visés par une enquête publiée jeudi dans plusieurs quotidiens en Europe, dont Le Monde, sur l'impact environnemental des "polluants éternels" que sont les polymères fluorés PFAS, il souligne qu'il n'en produit pas, et que son usine lyonnaise de Pierre-Bénite qui utilise l'additif fluoré 6:2FTS cessera son utilisation "en 2024". D'ici là, le groupe compte améliorer son système de filtration des eaux usées.

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