ArcelorMittal: perte nette de 539 millions de dollars au T3

Le géant mondial de l'acier ArcelorMittal, qui a annoncé en début de semaine renoncer à la reprise du groupe sidérurgique italien ex-Ilva, est resté dans le rouge au troisième trimestre, confronté à un recul du chiffre d'affaires dans un contexte de marché difficile.

Baisse saisonnière des expéditions d'acier, prix moyens de l'acier en recul, coûts des matières premières sur fond de surcapacités mondiales, autant de facteurs qui ont pesé sur l'activité du trimestre écoulé.

Le groupe a accusé une perte nette de 539 millions de dollars au troisième trimestre, après déjà une perte nette de 447 millions de dollars au deuxième trimestre, a-t-il annoncé jeudi dans un communiqué.

Il prévoit désormais que ses expéditions d'acier seront stables cette année, alors qu'il tablait auparavant sur une hausse. Le groupe a revu à la baisse ses estimations de la demande d'acier aux États-Unis et en Europe en 2019.

Le chiffre d'affaires du troisième trimestre s'élève à 19,6 milliards de dollars, en baisse de 10,2% sur un an, et en recul de 13,7% sur le trimestre précédent.

Le groupe a fait face "comme attendu" à "des conditions de marchés difficiles", a souligné son PDG Lakshmi Mittal, cité dans le communiqué.

Le contexte a été caractérisé par "des prix bas de l'acier, couplés à des coûts de matières premières élevés", a-t-il expliqué. Continuer à "réduire les coûts, adapter la production" et "s'assurer que l'activité continue à générer un flux de trésorerie positif" demeure donc la priorité, a-t-il poursuivi.

 

Demande en baisse en Europe

Le groupe a indiqué être en phase avec son objectif de réduire au deuxième semestre de 4,2 millions de tonnes en base annuelle sa production d'acier primaire en Europe, soit plus de 10% de ses capacités d'aciers plats en Europe.

Les ventes du trimestre sont inférieures au consensus établi par l'agence financière Bloomberg qui tablait sur 16,95 milliards de dollars, de même pour le résultat net par action de -0,53 dollar contre -0,10 pour ce consensus.

Mais l'excédent brut d'exploitation (Ebitda), à 1,1 milliard de dollars, est supérieur au consensus de 943 millions. A la Bourse de Paris, les investisseurs ont salué la publication: l'action ArcelorMittal a clôturé en hausse de 6,72% à 15,50 euros, dans un marché en hausse de 0,41%.

"L'Ebitda est supérieur de 14% au consensus" grâce notamment à "un contrôle des coût plus forts", ont noté les analystes de Jefferies. "Ce troisième trimestre bat solidement les attentes."

ArcelorMittal a maintenu sa prévision d'une consommation mondiale d'acier en hausse cette année, dans une fourchette toutefois un peu resserrée entre +0,5% et +1%. Mais les perspectives pour l'Europe et les Etats-Unis ont été revues en baisse.

La consommation d'acier est désormais attendue plus basse de -0,5% à -1% aux Etats-Unis, notamment liée à la faiblesse du secteur automobile (contre une précédente estimation positive entre 0 et 1%), selon le groupe.

En Europe, le groupe estime que la consommation pourrait reculer jusqu'à -3% (contre une précédente estimation de -1% à -2%), là encore en raison du secteur automobile en repli ainsi que du ralentissement de la construction, auxquels s'ajoutent des effets de déstockage.

 

Division "en perte"

Le groupe a en revanche relevé ses prévisions pour la Chine, tirées par l'immobilier.

ArcelorMittal a annoncé lundi son retrait de l'accord de reprise des usines de l'ex-Ilva, en Italie, et notamment le site de Tarente dans les Pouilles (sud).

Le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte a rencontré mercredi Lakhsmi Mittal. M. Conte a déclaré après la réunion que la lettre envoyée par le groupe annonçant son retrait "ne tenait pas la route" et il a menacé de contre-attaquer.

ArcelorMittal met en cause le retrait de la protection légale contre des poursuites pour sa division ayant repris ces usines ainsi que des décisions de justice conduisant à la fermeture d'un haut-fourneau puis des deux autres à Tarente.

ArcelorMittal relève que cette division, AM InvestCo, a été "en perte depuis sa consolidation dans les résultats du groupe en novembre 2018".

A la suite de l'envoi de notification, les commissaires extraordinaires "doivent assumer la responsabilité des opérations d'Ilva et de ses employés le 4 décembre ou avant", a rappelé Daniel Fairclough, chef des relations investisseurs, jeudi lors d'une conférence avec les analystes.

"Dans l'intervalle, nous assurons un plan de maintien en l'état pour assurer un transfert ordonné aux commissaires extraordinaires", a-t-il ajouté, précisant que pour des raisons légales il ne commenterait pas davantage le sujet.

sbo/soe/LyS

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