Après VW, la Chine assombrit les perspectives de BMW

Après Volkswagen, le constructeur allemand BMW a également pris acte d'un essoufflement du marché automobile chinois, à même de mettre en péril ses ambitions pour 2015.

Après des années de croissance des ventes à deux chiffres dans ce qui est son premier débouché, "la normalisation (...) s'accélère" en Chine, a constaté mardi Harald Krüger, nouveau patron de BMW.

Cette évolution était attendue et "la Chine reste pour nous un marché important ayant du potentiel", a insisté le quadragénaire.

Il n'empêche que le coup de frein général observé dans l'Empire du Milieu pourrait ne pas laisser indemne le groupe de Munich (sud).

Le fabricant des BMW, Mini et Rolls-Royce vise toujours pour le moment cette année une "croissance solide" de ses livraisons mondiales et de son bénéfice avant impôts. Mais "en cas d'accroissement des défis sur le marché chinois, nous ne pouvons pas exclure des effets sur nos prévisions", a mis en garde Friedrich Eichiner, le directeur financier, lors d'une conférence de presse téléphonique.

Au cours des six premiers mois de l'année, le champion mondial du haut de gamme a écoulé 230.700 voitures en Chine, soit une progression modeste de 2,3% sur un an. Au seul mois de juin, ses ventes se sont encore affaissées, faisant du surplace.

- essoufflement des ventes -

L'ensemble de l'industrie automobile est confrontée à un essoufflement des ventes en Chine, fruit du vif ralentissement économique du géant asiatique, d'une arrivée à maturité du marché dans certains villes, d'un durcissement des restrictions sur les immatriculations dans plusieurs métropoles pour contenir la pollution, et plus récemment, d'un effondrement des Bourses chinoises.

Selon l'association chinoise des constructeurs automobiles (CAAM), les ventes de voitures devraient progresser d'environ 3% en Chine en 2015, après 6,9% en 2014 et 14% en 2013.

L'évolution à court terme de ce marché "est difficile à évaluer", a reconnu M. Eichiner. D'où la décision de BMW "d'ajuster la production à une croissance plus faible et de réduire les stocks", avec en première ligne une réduction de la fabrication locale.

Lesté par le ralentissement en Chine, le groupe bavarois a enregistré une fonte de sa rentabilité au deuxième trimestre. La marge opérationnelle de sa division automobile est passée de 11,7% à 8,4% en un an. BMW est désormais devancé sur ce terrain par Audi (Volkswagen) et Mercedes (Daimler), ses deux principaux rivaux.

- fortunes diverses -

Ceux-ci ont connu des fortunes diverses en Chine ces derniers temps. Si Audi, numéro un du haut de gamme sur ce marché, a décroché de 5,8% au mois de juin, Mercedes-Benz - longtemps à la remorque de ses concurrents - a enregistré un bond de 38,5%, aidé par de nouveaux modèles et l'ouverture de concessions automobiles.

Le groupe Volkswagen s'est pour sa part vu contraint fin juillet de revoir à la baisse ses ambitions en termes de livraisons mondiales, notamment à cause de la Chine. Le mastodonte, propriétaire de douze fabricants automobiles parmi lesquels la marque généraliste Volkswagen, Audi et Porsche, y a enregistré entre janvier et juin son premier recul depuis dix ans (-3,9%).

A peine passé devant son grand rival japonais Toyota en termes de ventes, le géant allemand a par conséquent dû raboter ses prévisions pour 2015. Il espère désormais écouler autant de véhicules dans le monde qu'en 2014 (10,1 millions d'unités), et non pas plus que l'an passé.

Nombreux sont les constructeurs à avoir appelé à la vigilance ces derniers semaines, à l'instar du français PSA Peugeot Citroën ou de Toyota, même s'ils ne connaissent pas forcément les déboires de Volkswagen, implanté de longue date dans le pays.

esp/mtr/pho

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