Amiante : décision attendue pour les 1.200 cas de Renault Trucks

C'est l'un des plus gros dossiers de l'histoire des prud'hommes: 1.200 salariés, anciens et actuels, de Berliet, RVI, Iveco et Renault Trucks en région lyonnaise espèrent qu'un préjudice d'anxiété, lié à la présence d'amiante sur leurs lieux de travail, leur sera reconnu jeudi.

La grande majorité des plaignants sont des retraités ayant travaillé dans l'usine de ces constructeurs à Vénissieux - assemblant bus, cars et camions - entre 1964 et 1996, période pour laquelle le site a été classé "amianté" en 2016.

Une conciliation ayant échoué avec Renault Trucks (groupe Volvo), qui exploite les lieux aujourd'hui, un procès a eu lieu en 2019 devant le conseil des Prud'hommes de Lyon.

Le litige n'a pu être tranché et l'affaire a été renvoyée devant un juge départiteur qui rendra sa décision jeudi - elle sera longue à dépouiller s'il statue au cas par cas.

Le 27 avril, les prud'hommes devront statuer sur 235 autres demandes, portant le total à plus de 1.400.

"Une infime partie des dizaines de milliers de personnes qui ont travaillé dans l'usine sur la période: elle a compté jusqu'à 12.000 salariés venant de huit départements", souligne Jean-Paul Carret, président de l'association Prévenir et Réparer (aide aux victimes d'accidents collectifs).

Les plaignants espèrent une reconnaissance de leur préjudice - la "hantise" de tomber malade, certains ayant développé des cancers parfois mortels ces dernières années - chiffré à 15.000 euros chacun par leur avocat, soit 18 millions en tout.

Pour Me Cédric de Romanet, la jurisprudence est constante: "à partir du moment où les salariés prouvent qu'ils ont travaillé sur un site classé amiante, ils ont le droit de bénéficier du préjudice d'anxiété". Si certains devaient être déboutés, ils comptent déjà faire appel.

À l'audience, la partie adverse avait plaidé que seuls deux secteurs de ce site industriel d'environ 79 hectares étaient exposés à l'amiante: pour elle, tous les employés ne sont pas concernés. Rappelant qu'avant 1997, ce matériau n'était pas interdit, elle avait estimé que l'employeur ne pouvait pas avoir connaissance du risque encouru.

Les plaignants, eux, souhaitent que ce procès "serve de leçon". "Il faut que le lieu de travail soit sain et que nos enfants ne connaissent pas cela", déclarait il y a deux ans à l'AFP une retraitée ayant travaillé 42 ans pour l'entreprise.

"L'amiante, j'ai trempé dedans toute ma carrière, il y en avait partout", confiait un autre. "Quand je vois les scaphandres à bouteille d'oxygène et les doubles sas obligatoires aujourd'hui pour désamianter, ça me fout la trouille..."

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