Alteo (alumine) : plus qu'un seul candidat à la reprise

L'un des deux derniers candidats à la reprise d'Alteo, leader mondial de l'alumine de spécialité, en redressement judiciaire et dont dépendent près d'un millier d'emplois, a annoncé le retrait de son offre mardi au tribunal de commerce de Marseille.

Xavier Perrier, ex-directeur de l'usine implantée à Gardanne (Bouches-du-Rhône) qui s'était adossé à l'industriel Alain de Krassny, propriétaire de l'entreprise chimique Kem One, a expliqué sa décision principalement par l'absence de réponse de l'Etat à une demande de garantie de prêt de 50 millions d'euros.

Seule reste donc en lice l'offre du groupe de logistique implanté en Guinée United Mining Supply (UMS) pour reprendre l'usine qui transforme la bauxite, une roche rouge importée notamment de Guinée, en alumine de spécialité utilisée dans la fabrication des écrans de smartphones ou encore dans l'industrie automobile.

Le tribunal rendra sa décision le 7 janvier.

Le projet de reprise de MM. Perrier et de Krassny baptisé Alto prévoyait de conserver les quelque 500 salariés, et l'ensemble des activités de l'usine en valorisant les résidus de bauxite pour le secteur du BTP ou encore pour le traitement des eaux usées.

L'usine génère également plus de 400 emplois indirects, ce qui en fait un des plus gros employeurs de la zone d'Aix-en-Provence. Elle utilise un procédé industriel inventé il y a plus de 120 ans qui fait l'objet de critiques environnementales récurrentes, malgré les investissements de l'entreprise.

Durant des années, l'usine a rejeté ses boues rouges dans la Méditerranée. Désormais dépollués, ces résidus sont stockés sur des terrains à ciel ouvert sur la commune voisine de Bouc-Bel-Air, sur le site de Mange-Garri, au grand désarroi de certains habitants qui déplorent notamment l'envol des poussières et redoutent la pollution des nappes phréatiques.

"La question des boues rouges a +hystérisé+ les débats malheureusement au détriment de l'emploi et du PIB de la région", a regretté mardi Xavier Perrier, estimant que la polémique avait porté préjudice à ses demandes auprès de l'Etat.

Le projet d'UMS, propriété de l'homme d'affaires franco-libano-guinéen Fadi Wazni, prévoit de son côté la reprise d'une partie de la dette d'Alteo, et, au terme d'une transition de 12 à 18 mois, l'arrêt de l'importation de bauxite. Il n'importerait plus que de la poudre brute d'alumine qu'il raffinerait sur place, s'épargnant ainsi de devoir stocker les résidus de bauxite.

Cette évolution aboutirait à la suppression de 98 emplois au maximum --en essayant de se rapprocher le plus possible de zéro-- principalement centrés sur la transformation de la bauxite.

Rachetée en 2012 par le fonds d'investissement américain HIG au géant minier anglo-australien Rio Tinto, l'entreprise a été placée en redressement judiciaire le 12 décembre 2019 à cause d'une baisse des commandes et d'une crise du marché mondial de l'aluminium. L'entreprise avait reçu huit offres de groupes internationaux qui se sont tour à tour désistés.

Avec ce plan de continuation déposé par UMS, l'ex-propriétaire du site Rio Tinto a annoncé qu'il conserverait "la garantie environnementale" en s'engageant à dépolluer le site même s'il n'en était plus propriétaire, comme il l'avait conclu lors du rachat par HIG huit ans auparavant. Cette dépollution coûterait 20 à 30 millions d'euros dans l'immédiat, selon M. Moscatello.

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