Allemagne: la production automobile 2019 au plus bas depuis 22 ans

Souffrant des tensions commerciales, la production automobile en Allemagne est tombée l'an dernier au plus bas depuis 1997, avant une année décisive pour le secteur engagé dans une coûteuse offensive électrique.

Avec une chute de 9% à 4,7 millions d'unités, 2019 est la troisième année de baisse consécutive de la production pour ce secteur pilier de l'économie allemande, selon les chiffres publiés lundi par la fédération industrielle VDA.

En 2018, la production était encore de 5,12 millions d'unités -- un chiffre déjà en forte baisse de 9,3% après un recul de 1,8% en 2017.

Les ventes dans le pays ont, elles, augmenté de 5% à 3,6 millions de voitures, profitant d'une comparaison favorable avec 2018, dont les derniers mois étaient plombés par l'entrée en vigueur des nouvelles normes antipollution WLTP.

Sur le seul critère des ventes, loin de suffire pour apprécier la santé du secteur, l'année 2019 s'avère ainsi la deuxième meilleure depuis plus de 20 ans après le record enregistré en 2009, marqué par un dispositif favorable de prime à la casse.

Mais les constructeurs allemands ont nettement moins exporté "en raison de la baisse de la demande internationale" dans un contexte d'hostilités commerciales, précise la VDA dans un communiqué. Les exportations ont plongé de 13% sur un an, à 3,5 millions d'unités.

"L'industrie automobile mondiale est en récession" et "cela a un impact direct sur la production allemande" qui ne représente plus que 6% de la production mondiale, note Ferdinand Dudenhöffer, de l'université de Duisburg-Essen.

Les problèmes de ce fleuron industriel plombent de plus en plus la première économie européenne et font planer le risque d'un lourd impact social au moment où les constructeurs investissent des milliards dans l'électrique.

"L'industrie automobile fait face à une transformation massive" en 2020, résume Stefan Bratzel, directeur du Center for Automotive Management, auprès du magazine Spiegel.

 

Menace d'amendes

Principal défi: dès cette année, les constructeurs devront afficher sur leur flotte de voitures neuves vendues en Europe des émissions moyennes de CO2 inférieures à 95 grammes par kilomètre, sous peine de fortes amendes en cas de non respect du plafond.

Une tâche qui "semble herculéenne", avait admis en novembre Ola Källenius, patron de Daimler, fabriquant des Mercedes.

Les constructeurs ont promis des dizaines de modèles électriques ou hybrides supplémentaires dans les prochaines années pour gagner cette course.

En 2019, avec 63.281 voitures vendues, l'Allemagne a dépassé en 2019 la Norvège pour devenir le premier marché européen de véhicules 100% électriques, note l'analyste indépendant Matthias Schmidt.

Mais leur part de marché reste marginale, avec 1,8% contre 62% pour l'essence et 32% pour le diesel, dont les ventes se sont stabilisées en 2019 après plusieurs années de déclin précipité par le scandale des moteurs truqués chez Volkswagen.

"Les constructeurs ont intérêt à augmenter nettement les ventes de voitures électriques et hybrides car sinon ils risquent des amendes et une mauvaise image", note Peter Fuß, analyste chez EY, qui voit décoller les ventes au deuxième semestre 2020.

En parallèle, les groupes automobiles ont lancé des programmes d'économies -- incluant des milliers de suppressions d'emplois -- pour financer ces investissements massifs dans un contexte conjoncturel morose.

Car côté ventes, les "perspectives sont mauvaises pour 2020", ajoute M. Fuß, qui prévoit un recul du marché allemand pouvant aller jusqu'à 5%, tandis que la VDA table sur 3,4 millions d'immatriculations, soit -4%.

© 2020AFP