Algérie: fermeture de l'usine Kia de Batna faute de pièces

La filiale algérienne du constructeur automobile sud-coréen Kia annonçait vendredi devoir fermer sa chaîne de montage, faute de pièces dont le gouvernement vient d'interdire l'importation dans le sillage de scandales de corruption, selon sa direction.

"Le travail sera interrompu à compter du 17 mai", a indiqué mardi une note interne de la direction des ressources humaines affichée dans cette usine implantée à Batna (nord-est), qui emploie quelque 1.200 salariés.

Le 10 mai, le gouvernement a annoncé qu'il interdisait définitivement l'importation de pièces détachées destinées aux usines de montage de voitures.

Cette décision devrait mettre un coup d'arrêt à la jeune industrie automobile algérienne, basée sur le système SKD ("semi knocked down"), qui consiste à importer le véhicule en kits prémontés, à simplement riveter ou boulonner sur place.

Lancé en 2014, le procédé SKD était censé réduire la facture des importations, qui épuise les réserves de devises quasi-exclusivement issues du pétrole, mais il s'est accompagné de gros scandales de corruption.

Déjà, en mai 2019, les autorités avaient subitement imposé à chaque constructeur un quota d'importation de kits SKD pour l'année 2019.

Cette décision, qui signifiait une réduction drastique des quantités de kits importés, a rapidement mis en difficulté les usines de montage.

Ces dernières ont dû interrompre leur production après l'épuisement de leurs stocks de kits, comme l'allemand Volkswagen, mettant au chômage technique 700 salariés de son usine de Relizane (sud-ouest d'Alger) après avoir interrompu sa production faute de kits d'assemblage.

Parallèlement, plusieurs grands patrons du secteur automobile ont été incarcérés ou condamnés dans le cadre d'enquêtes pour corruption déclenchées dans le sillage de la chute du président Abdelaziz Bouteflika en avril 2019.

Lors du premier grand procès pour corruption, quatre patrons de grands groupes partenaires de marques étrangères ont été condamnés en décembre à des peines de trois à sept ans de prison, confirmées en appel en mars dernier.

Le procès a montré que des grandes entreprises, souvent propriété d'hommes d'affaires liés à l'entourage de M. Bouteflika, ont été favorisées, malgré un cahier des charges rarement respecté, et ont bénéficié d'importantes aides publiques et de nombreux avantages fiscaux.

Parmi eux, le PDG de Global Motor, Hassen Arbaoui, qui assemblait et distribuait en Algérie des véhicule légers de marque Kia.

En détention depuis juin 2019, M. Arbaoui a écopé de six ans de prison ferme en première instance en décembre 2019, avant de voir sa peine réduite à trois ans ferme lors du procès en appel en mars.

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