Air Liquide prévoit de tripler ses ventes d'hydrogène d'ici 2035

Le groupe français de gaz industriels Air Liquide qui prévoit de tripler son chiffre d'affaires hydrogène d'ici 2035, voudrait avoir accès à davantage d'"énergies renouvelables fiables" pour parvenir à réaliser son objectif de zéro émission d'ici 2050.

Devant la demande croissante en hydrogène venant aussi bien des grands industriels de la chimie ou de l'acier souhaitant décarboner leur production, que du secteur des transports pour sortir du moteur thermique, le groupe estime que son chiffre d'affaires hydrogène gonflera à "plus de 6 milliards d'euros" en 2035, contre 2 milliards actuellement, a indiqué son PDG Benoît Potier mardi, lors d'une présentation des objectifs de développement durable du groupe.

La production actuelle d'hydrogène étant émettrice de gaz à effet de serre, le groupe envisage, pour allier croissance et décarbonation, d'investir "environ 8 milliards d'euros dans la chaîne de valeur de l'hydrogène bas carbone".

"D'ici à 2030-40, on aura atteint une majorité d'hydrogène produit à partir d'électrolyse" (le courant passe dans l'eau, sépare hydrogène et oxygène, NDLR) avec différentes technologies, alors qu'il est actuellement "à 99% produit à partir de gaz naturel", et donc d'énergie fossile, a dit M. Potier.

Sur ces 50% d'hydrogène propre, "15% environ" viendra d'énergies renouvelables, comme le biogaz issu de l'agriculture en France ou des décharges aux Etats-Unis, a-t-il expliqué.

Les 35% restant "seront sur la base de gaz, mais avec captage et séquestration de CO2". "Le reste" continuant d'être obtenu "sur base fossile avec nécessité de décarboner", a précisé M. Potier.

Il vise, d'ici 2030 une capacité totale d'électrolyse portée à 3 Gigawatts.

Après l'unité d'hydrogène bas carbone d'une capacité de 20 MW récemment mise en service au Canada, M. Potier a notamment évoqué le projet de construction de deux unités d'électrolyseurs de 100 MW chacun en Normandie, pour alimenter le bassin industriel du Havre ainsi que les installations des ports de Gonfreville et Port Jérome.

D'ici à 2030-2040, Air Liquide prévoit qu'un "peu plus de la moitié" de ses ventes d'hydrogène le soient à la grande industrie "pour décarboner son activité", 40% au secteur de la mobilité (avions, trains, voitures), et 10% pour des "applications diverses".

 

Plus de vent, de soleil ou d'hydroélectrique

"Pour que l'hydrogène soit totalement renouvelable, il faudrait qu'il y ait ces quantités (d'électricité renouvelable)" disponibles, a-t-il plaidé.

"Nous poussons avec tout le Conseil hydrogène (structure installée en janvier par le gouvernement et réunissant pour l'essentiel des industriels du secteur, ndlr) pour qu'il y ait plus d'investissements en matière d'énergie renouvelable", que ce soit "le vent, le soleil ou l'hydroélectrique" a-t-il dit, "c'est un des points sensibles".

M. Potier copréside le Conseil national de l'hydrogène, avec le patron de l'équipentier automobile Faurecia. Il a souligné que beaucoup d'industriels passaient déjà des contrats d'approvisionnement en énergie renouvelable à l'international, notamment aux Pays-Bas et aux Etats-Unis.

Plus globalement, le plan qu'il a présenté mardi vise à parvenir à la neutralité carbone de son groupe en 2050.

Il prévoit le "début de la réduction de ses émissions de CO2 en valeur absolue" autour de 2025, puis table en 2035 sur une baisse de 33% par rapport à 2020 de ses émissions directes et indirectes.

Outre l'électrolyse pour la production d'hydrogène, il s'appuie sur le captage et le stockage du CO2.

Parmi ses objectifs, figure aussi le développement de l'activité de distribution d'oxygène dans le domaine de la santé, très sollicitée par les hôpitaux et soignants durant la pandémie.

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