Affaire Ghosn: un complot? "c'est absurde", répond le DG de Nissan

Les révélations au sujet de Carlos Ghosn, incarcéré au Japon, pourraient-elles être le fruit d'un complot pour l'écarter? "C'est absurde", répond le directeur général de Nissan Hiroto Saikawa, évoquant des "faits graves", dans une interview aux Echos lundi.

"Comment peut-on imaginer cela ? C'est absurde et je ne peux pas comprendre que l'on puisse croire une seconde à un tel scénario! Regardez les faits. Ils sont graves", a observé M. Saikawa dans cet entretien publié sur le site internet des Echos.

"J'ai été le premier choqué par ce que l'enquête a montré. Je peux vous dire que ce n'est pas facile à encaisser pour nous moralement, et que les conséquences de l'audit interne et des investigations pèsent sur toute l'organisation".

"Ce que suggère l'enquête interne, c'est que nous avons affaire à des manipulations et à des dissimulations intentionnelles", affirme encore M. Saikawa.

Jeudi, Renault avait publié un communiqué évoquant "une campagne de déstabilisation délibérément orchestrée" après des révélations sur le salaire d'une proche de Carlos Ghosn, la directrice déléguée à la présidence de l'entreprise Mouna Sepehri.

Le PDG de Renault est poursuivi pour abus de confiance, une accusation pour laquelle Nissan réclame "des sanctions fermes". M. Ghosn et son bras droit Greg Kelly, relâché sous caution le 25 décembre, ont aussi été inculpés pour avoir minoré les revenus du premier dans des rapports boursiers de Nissan entre 2015 et 2018. Tout comme le constructeur japonais, mis en cause en tant qu'entité morale ayant remis les documents incriminés.

Au quotidien Les Echos qui lui demandait s'il était vraiment possible que personne n'ait été au courant de ces agissements au sein de Nissan, Hiroto Saikawa a répondu: "je comprends que l'on puisse se poser cette question. Mais il faut comprendre que Carlos Ghosn avait, du fait de ce qu'il a accompli, un très grand crédit au sein du groupe. Il était très respecté et avait acquis de plus en plus de pouvoir".

"Il est facile de refaire l'histoire après coup", a encore répondu le dirigeant. "Ce qui est sûr, c'est que nous devons encore renforcer la gouvernance de Nissan. Nous ne sommes pas au meilleur niveau mondial, or nous devons l'être".

Le dirigeant du groupe japonais avait affirmé une semaine plus tôt à l'AFP que l'alliance entre Renault et Nissan, bâtie par Carlos Ghosn, n'était "absolument pas en danger". "Je veux redire ici que je tiens plus que tout à l'Alliance avec Renault", a-t-il dit aux Echos.

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