Affaire Ghosn: Rachida Dati et Alain Bauer ripostent

L'ex-ministre de la Justice Rachida Dati et le criminologue Alain Bauer, visés par une enquête ouverte après une plainte pour "abus de biens sociaux" dans l'affaire Ghosn, ont annoncé une riposte judiciaire face à une campagne qu'ils jugent "calomnieuse".

Dans un communiqué, Mes Hervé Lehman et Olivier Pardo, avocats de Mme Dati, dénoncent une "campagne de presse calomnieuse menée par l'avocat d'un actionnaire anonyme de Renault diffusant à l'envi des propos diffamatoires constituant de fausses informations dans le seul objectif de déstabiliser Rachida Dati qui a annoncé sa candidature à la Mairie de Paris".

L'ex-ministre de Nicolas Sarkozy, avocate de profession et actuelle maire du VIIè arrondissement de Paris, a demandé à ses conseils de déposer une plainte contre l'actionnaire de Renault, dont la dénonciation pour "abus de bien sociaux" et "corruption active et passive" le 17 avril auprès du parquet national financier (PNF) a débouché sur l'ouverture d'une enquête préliminaire, qui vise également le spécialiste de la sécurité Alain Bauer.

Elle a aussi décidé de faire délivrer une citation directe pour diffamation à l'encontre de Me Jean-Paul Baduel, avocat de cette plaignante.

Selon ce dernier, Mme Dati aurait notamment perçu de la filiale néerlandaise de l'alliance Renault-Nissan, RNBV, 600.000 euros entre 2009 et 2013 pour des contrats qu'il juge "douteux de par leurs montants, effectués au profit d'une filiale n'ayant aucun salarié".

Depuis plusieurs mois, Nissan accusait cette structure de masquer des dépenses au profit personnel de l'ancien patron de l'alliance automobile franco-japonaise Carlos Ghosn, mis en examen au Japon pour des malversations présumées.

Mme Dati "remettra aujourd'hui au parquet national financier les pièces confirmant la parfaite légalité de son intervention", précisent les avocats dans leur communiqué.

Elle émet des "réserves sur la recevabilité et le bien-fondé de cette plainte, ce d'autant que la direction de Renault et de l'Alliance avaient une connaissance parfaite de sa mission d'avocat dès 2010", ajoutent-ils. "Rien n'a été caché et tout a été déclaré aux autorités publiques françaises et néerlandaises".

 

"Une campagne calomnieuse" selon Alain Bauer

Dans un communiqué distinct, l'avocat d'Alain Bauer a lui aussi dénoncé une "campagne calomnieuse" contre son client et affirmé qu'il avait bien été, parmi d'autres, chargé "publiquement d'une mission afin de restructurer les services de sécurité, de sûreté et de déontologie" de Renault en 2011.

A l'époque, la direction du constructeur français venait d'être secouée par un scandale concernant de fausses accusations d'espionnage pour lequel quatre cadres sont renvoyés en correctionnelle. L'un d'eux est défendu par le même avocat que l'actionnaire dont la plainte a déclenché l'enquête du PNF.

"J'ai reçu instruction pour lancer toutes actions judiciaires adéquates concernant les procédures mensongères et diffamatoires émises à l'encontre de mon client", a ajouté Me François Binet.

Mardi soir, le conseil d'administration de Renault a annoncé qu'un audit interne mené conjointement avec Nissan au sein de RNBV avait identifié 11 millions d'euros de dépenses suspectes engagées par M. Ghosn.

Les noms de Rachida Dati et d'Alain Bauer sont cités dans le rapport final de cet audit du cabinet Mazars, selon une source proche du constructeur français.

Selon une autre source proche du dossier, Rachida Dati aurait touché 900.000 euros d'honoraires d'avocate entre 2010 et 2012, versés par RNBV. Alain Bauer aurait lui touché un million d'euros entre 2012 et 2016. Ces sommes ne font pas partie des 11 millions concernant Carlos Ghosn.

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