ACEA: un plan pour un "Pacte vert" automobile européen

Alors que les constructeurs automobiles s'attendent à un recul des immatriculations européenne de 2% en 2020, ils soutiennent "pleinement" l'objectif de neutralité climatique européen, mais estiment que des systèmes d'incitation seront nécessaires pour le déploiement de véhicules à faible émission de carbone, a expliqué mercredi le patron de l'association ACEA qui représente 16 grands constructeurs basés en Europe, "croit fermement qu'un transport routier neutre en carbone est possible en 2050.

Voir le communiqué détaillé de l'ACEA après cette dépêche de l'AFP (en anglais)

Michael Manley, président de l'ACEA et par ailleurs à la tête de Fiat Chrysler, a présenté un programme en 10 points "pour aider à mettre en oeuvre le Pacte vert européen".

"Nous devons reconnaître que les technologies à faible émission sont chères, et qu'elles vont le rester dans un futur proche", a-t-il soutenu.

L'ACEA appelle notamment à un "système d'incitation" pour les voitures "afin que les prix élevés ne ralentissent pas le renouvellement de la flotte".

L'association a également renouvelé son appel pour un développement à grande échelle de points de rechargement. Elle exhorte également la Commission von der Leyen à rester "neutre d'un point de vue technologique" dans son approche législative.

M. Manley, qui soutient la prise en compte du secteur du transport routier dans le marché du carbone européen - il en est actuellement exclu et soumis à des seuils limites d'émissions pour le CO2 et les gaz polluants - met en garde sur le "taux d'acceptation" par rapport à ce que les consommateurs sont prêts à payer pour des technologies propres.

"C'est pour cela que je pense que 2020 et 2021 seront dans une large mesure deux années de découvertes, pour lesquelles (les constructeurs) ont des plans très détaillés sur la façon dont ils vont se conformer aux limites d'émissions", a-t-il expliqué.

Il a en conséquence demandé aux législateurs, qui sont notamment en train de se pencher sur les normes d'émissions des moteurs de diesel, à ne pas changer les seuils pour les deux prochaines années.

D'autant que tous ces changements interviennent alors que les prévisions annoncent une baisse des ventes de voitures d'environ 2% en 2020, après six années de hausse consécutive, note l'ACEA.

Sur le Brexit, Michael Manley a souhaité un accord commercial "ambitieux", qui "maintient zéro droit de douane, facilite les procédures pour les clients et assure un alignement réglementaire continu".

 

"réseau dense" de points de recharge

Pour favoriser la diffusion des véhicules électrifiés (100% électriques ou hybrides rechargeables essence/électrique), les constructeurs demandent aux gouvernements "qu'un réseau dense de points de recharge soit déployé à travers l'Europe de façon urgente".

Jugeant encore élevés les prix des véhicules électrifiés, l'ACEA demande aussi "des politiques d'incitation" pour les automobilistes "afin de s'assurer que les prix plus élevés ne freinent pas le renouvellement du parc automobile".

"La bonne nouvelle, c'est qu'un transport routier neutre en carbone est possible, et ensemble nous pouvons l'atteindre en 2050", a estimé M. Manley. "Mais cela veut dire aussi que beaucoup de choses doivent changer sur les prochaines décennies."

Depuis le 1er janvier, les constructeurs automobiles sont contraints de respecter une limite moyenne d'émission de CO2 de 95 grammes par kilomètre sur leurs ventes de véhicules neufs en Europe, sous peine de lourdes amendes.

Cette nouvelle règle, qui s'inscrit dans la lutte contre le réchauffement climatique, les a contraints à lancer de nombreux modèles électrifiés, plus onéreux.

Ils y voient un risque pour l'emploi en Europe alors que les technologies de batteries sont sous le contrôle de groupes asiatiques. Ils craignent aussi un marché plus faible et une chute de leurs marges.

"C'est un défi énorme", car cela va les obliger à "réduire les émissions de CO2 de 20% entre 2019 et 2020, alors qu'il ont mis 10 ans pour les réduire de 25%", estiment les experts d'Euler Hermes.

Le défi sera même encore plus sévère à l'avenir. Une réduction supplémentaire de 37,5% des émissions de CO2 s'appliquera à l'horizon 2030, avec un objectif intermédiaire de -15% en 2025. Les constructeurs ont dénoncé à plusieurs reprises ces objectifs qu'ils jugent trop élevés.

mla/fmi/oaa

Le communiqué de l'ACEA (en Anglais)

Auto industry sets out plan for carbon neutrality under EU Green Deal, amid shrinking market

Brussels, 22 January 2020 – Forecasting the first downturn in EU car sales in seven years this year, the European Automobile Manufacturers’ Association (ACEA) today outlined the major challenges faced by the EU auto industry, as it embarks on the transition to carbon-neutral transport.

“One of the biggest drivers of change for our sector is the need to address environmental concerns,” stated Michael Manley, ACEA President and CEO of Fiat Chrysler Automobiles (FCA). “The good news is that carbon-neutral road transport is possible and together – with a holistic approach – we can reach it by 2050. But that also means a lot needs to change in the next few decades.”

Speaking to journalists in Brussels this afternoon, Mr Manley launched the EU auto industry’s ‘10-point plan to help implement the European Green Deal’, in which the 16 major automobile manufacturers set out how CO2 emissions can be further reduced in the most effective way.

Manley: “Firstly, we believe in choice for all. Policy makers should help drive the best possible results by remaining technology neutral – in other words, without imposing specific technologies or banning vehicles that can still deliver CO2 reductions.”

In addition, a dense network of charging points and re-fuelling stations – suitable for cars and commercial vehicles – must urgently be rolled out across the EU to support the deployment of alternatively-powered vehicles. This is one of the single most important enabling conditions for achieving carbon neutrality, according to the industry.

New low-emission technologies are expensive and will remain so for the foreseeable future. To ensure that the higher prices do not slow down fleet renewal, ACEA is also calling for consistent and economically-sustainable incentive schemes for users of both cars and commercial vehicles.

“Above all, we believe that road transport and mobility must remain affordable for everybody, regardless of where in Europe they live or their financial means. Likewise, the European Commission’s Green Deal should also be used as a means to strengthen the global competitiveness of our industry.”

“This is all the more important as we are about to face a shrinking market,” Michael Manley alerted. Indeed, ACEA forecasts that, after six consecutive years of growth, EU passenger car sales will drop by 2% in 2020.

“At the very time when our industry is massively stepping up investments in zero-emission vehicles, the market is set to contract – not only in the EU but also globally – so the transition to carbon neutrality needs to be very well managed by policy makers.”

© 2020AFP