Accord post-Brexit: Nissan croit à son avenir britannique

Le constructeur japonais Nissan a confirmé son engagement au Royaume-Uni, où il possède la plus grande usine automobile du pays à Sunderland, grâce à l'accord commercial post-Brexit, ce dont s'est immédiatement félicité le gouvernement.

Cet accord de "Brexit permet la poursuite de l'activité à court terme, protège 75.000 emplois en Europe et, de manière plus importante, tous les modèles que nous fabriquons à Sunderland", a déclaré à des journalistes Ashwani Gupta, le directeur opérationnel de Nissan.

Le secteur automobile est l'un des grands bénéficiaires de l'accord de libre-échange conclu à l'arraché entre le Royaume-Uni et l'UE à la veille de Noël.

Il permet de conserver des échanges fluides avec le continent et sans droits de douane, ce qui était capital pour les nombreux constructeurs étrangers implantés sur le sol britannique.

En particulier, les constructeurs échappent aux taxes dites de la "règle d'origine" qui s'appliquent sur les produits fabriqués à partir d'une grande partie d'éléments provenant de pays hors de l'Union européenne, et qui perturbent les échanges dans de nombreux domaines entre Royaume-Uni et UE depuis le 1er janvier.

Le Brexit dans les conditions négociées par Bruxelles et Londres "nous donne un avantage compétitif au Royaume-Uni et à l'extérieur", a ajouté M. Gupta, selon les propos rapportés vendredi par l'agence de presse britannique PA, assurant que Nissan va continuer à investir au Royaume-Uni.

"Sunderland est l'une des trois principales usines dans le monde pour la compétitivité de Nissan", indique le responsable, alors que le constructeur a déjà annoncé vouloir y produire le nouveau crossover Qashqai.

Nissan change de ton après n'avoir eu de cesse d'avertir ces dernières années qu'en cas de "no deal" il pourrait laisser tomber l'usine de Sunderland, une ville qui avait fortement voté en faveur du Brexit en 2016.

Le site emploie 6.000 personnes et en fait travailler 27.000 supplémentaires dans la chaîne d'approvisionnement. Il y produit 400.000 véhicules par an qui sont exportés à 80%.

L'usine a valeur de symbole pour l'industrie automobile britannique et pour le gouvernement qui assure que le Royaume-Uni va prospérer grâce au Brexit.

"C'est un grand vote de confiance dans le Royaume-Uni", a réagi vendredi matin le Premier ministre conservateur Boris Johnson.

M. Gupta a précisé que Nissan allait déplacer à Sunderland la production de batteries électriques qui équipent sa voiture électrique Leaf et qui sont fabriquées pour l'heure aux Etats-Unis.

Fabriquer des batteries au Royaume-Uni représente un avantage compétitif pour le groupe japonais face à ses concurrents qui les importent d'Asie.

L'accord commercial post-Brexit prévoit qu'à partir de 2027 les véhicules électriques exportés vers l'UE seront soumis à des droits de douane s'ils ne comportent pas au moins 55% de composants fabriqués au Royaume-Uni ou dans l'UE.

Le puissant syndicat Unite a salué l'engagement de Nissan au Royaume-Uni mais veut discuter au plus vite avec le gouvernement des moyens d'accélérer rapidement la transition de l'industrie automobile vers l'électrique, "nécessaire pour assurer (son) avenir".

Le secteur automobile s'inquiète dans le même temps pour l'avenir de l'usine de la marque britannique Vauxhall à Ellesmere Port (nord-ouest de l'Angleterre).

Le groupe Stellantis (PSA), son propriétaire, va devoir prendre des décisions importantes sur ses implantations au Royaume-Uni "dans les prochaines semaines", a prévenu cette semaine son patron Carlos Tavares.

Il a mis en cause la décision du gouvernement britannique d'avancer à 2030 l'interdiction de la vente de nouvelles voitures diesel et à essence.

© 2021AFP