Accident mortel Uber : le logiciel n'a pas reconnu le piéton

La femme morte en mars 2018 s'est retrouvée dans un scénario non programmé pour la voiture autonome d'Uber. Elle avait été classée comme "objet".

L'enquête continue, plus de 18 mois après l'accident mortel qui avait coûté la vie à une femme renversée par une voiture autonome d'Uber. Le régulateur américain des transports NTSB a indiqué ce mardi que le véhicule avait détecté la victime en mars 2018, mais n'était pas programmé pour la reconnaître en tant que piétonne.

Dans un rapport publié avant une audition visant à déterminer la cause probable de l'accident, le 19 novembre, l'organisme a affirmé que la technologie d'Uber « ne prenait pas en compte l'éventualité de piétons traversant hors des clous ». La NTSB avait déjà déterminé dans un rapport préliminaire que le logiciel avait bien repéré, près de six secondes avant le choc, la femme de 49 ans qui marchait à côté de son vélo de nuit. Mais il est précisé dans le nouveau document que « le système ne l'a jamais classée comme piétonne » mais comme un « objet ».

Quand le logiciel a déterminé qu'une collision était imminente, environ une seconde et deux centièmes avant le choc, le freinage d'urgence n'a volontairement pas été déclenché, car il aurait provoqué un freinage ou un détournement de la trajectoire du véhicule trop extrême. Il a en revanche envoyé une alerte sonore à la conductrice.


37 accidents entre 2016 et 2018

Uber avait suspendu tous les tests de conduite autonome sur la voie publique juste après cette collision fatale sur une route de Tempe, dans la banlieue de Phoenix en Arizona, avant de les reprendre quelques mois plus tard. La société a assuré à la NTSB que la nouvelle version de sa technologie aurait permis de reconnaître correctement la piétonne et de déclencher un freinage contrôlé plus de quatre secondes avant l'impact.

« Dans le sillage de cette tragédie, l'équipe [en charge de la technologie des véhicules autonomes] a développé des améliorations essentielles pour accorder encore plus de priorité à la sécurité », a indiqué une porte-parole d'Uber dans un message transmis à l'Agence France-Presse.

Le document du régulateur montre par ailleurs que les véhicules des tests menés par Uber avec son système de conduite autonome avaient, entre septembre 2016 et mars 2018, été impliqués dans 37 accidents. Mais la voiture d'Uber était à l'origine de la collision dans seulement deux cas. L'accident de Tempe a représenté un accroc dans le développement de la conduite autonome en forçant la plupart des groupes engagés dans cette technologie à réévaluer leurs systèmes de sécurité.