80 km/h: ultime guerre de chiffres et d'images (+vidéo)

Accidentalité routière en mai 2018 : baisse de la mortalité routière de -8,4%. À la veille de l'entrée en vigueur de la nouvelle limitation de vitesse à 80 km/h, ces résultats encourageants sont, pour l'association " 40MA ", la preuve qu'une amélioration de la sécurité sur les routes est possible sans l'abaissement de la vitesse maximale. La Sécurité Routière, elle, diffuse un clip vantant les 13 mètres de freinage gagnés par 10 km/h de moins....

"Treize mètres, c'est ce qui vient de lui sauver la vie en roulant à 80 km/h": un nouveau clip sera diffusé dès dimanche par la Sécurité routière pour promouvoir l'abaissement de la vitesse au 1er juillet, critiqué par des élus et des associations. 4 MA vient de s'emparer du recul de 8,4% de la mortalité routière en mai pour défendre l'idée que la sécurité peut s'améliorer sans réduction de la vitesse (voir communiqué ci-dessous).

Malgré des mois de contestation, de manifestations de motards et d'automobilistes et de débats politiques, le décret d'application du passage de 90 à 80 km/h de la limitation de vitesse sur 400.000 kilomètres de routes secondaires a été publié dimanche, et entrera en vigueur au 1er juillet.

Selon une étude présentée par la Sécurité routière mercredi, un automobiliste gagne 13 mètres en distance de freinage lorsqu'il roule à 80 km/h, contre 90 en vigueur actuellement sur des routes bidirectionnelles sans séparateur central.

"C'est parce que la vitesse moyenne aura diminué qu'on va éviter tout une série d'accidents, parce qu'on va pouvoir freiner beaucoup plus vite", a rappelé lors d'une conférence de presse mercredi le Délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe.

En outre, la même étude relève que le temps perdu sur un même trajet de 39 km entre un véhicule roulant à 90 km/h et un autre à 80 km/h, ne représente qu'une minute et 32 secondes.

Deux associations d'automobilistes - la Ligue de défense des conducteurs (LDC) et l'Automobile club des avocats - ont déposé lundi au Conseil d'État un recours en annulation contre la mesure.

Selon Pierre-Olivier Cavey, directeur des études et des campagnes à la LDC, cet abaissement de la vitesse "rompt le principe d'égalité entre les territoires ruraux et urbains".

"Une mesure qui vise à épargner le maximum de vies dans les ruralités ne peut être une mesure anti-rurale", a répliqué Emmanuel Barbe.

Des politiques se sont également joints à la contestation comme Jean-Christophe Lagarde (UDI), signataire du recours, qui a dénoncé mercredi le "centralisme" et le "parisianisme" de la méthode. Pierre Morel-A-L'Huissier, député (Agir) de Lozère, a lui estimé mercredi matin sur RMC que cette décision est "irrationnelle", évoquant une "fixette du gouvernement".

Conscient du tollé qu'il allait susciter, le Premier ministre Édouard Philippe s'est toujours dit "prêt à assumer l'impopularité" de cette disposition qui permettra, selon lui, de sauver 300 à 400 vies par an.

© 2018AFP

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